lundi 18 mai 2009

Caro



La première fois que je l'ai vue, je me suis dit "Ouah, qu'est-ce qu'elle parle fort".

Je pense que c'est la chose qui la décrit le mieux : cette voix forte et tonitruante, qui révèle toute sa personnalité : une fille franche et honnête, des fois soûlante, qui aime qu'on fasse attention à elle, qui aime argumenter, qui n'a pas peur des gens, qui affronte la vie de plein fouet, quitte à se prendre des baffes. Une fille toujours branchée à quatre mille volts, hyperactive et aux multiples centres d'intérêt.

C'est son flot continu de paroles qui m'a attiré et révulsé à la fois, mais surtout attiré. Parce que j'ai appris à écouter ce qui se déversait sans cesse de sa bouche, pour me rendre compte que c'était drôle, intelligent, censé, cultivé.


C'est devenu ma meilleure amie, mon amie de la tête, en complément de Sarah ou de Carole, qui étaient mes amies du coeur.

Avec Caro, ce qu'on faisait de mieux, c'était parler, encore et toujours. Le reste n'a jamais vraiment été important, ce qui comptait c'était de maintenir le torrent toujours plus, jusqu'à ce que tous les autres se dégoutent de la conversation et qu'il ne reste que nous, survoltées, à s'épancher toujours plus.


J'aurais dû me douter qu'il y aurait un moment où ça casserait. Caro était la moins stable, la plus électron libre, et, surtout, elle était toujours tournée vers l'avenir, y fonçant comme une fusée, en se brûlant les ailes, alors que nous nous complaisions dans un passé réconfortant.


Je suis de ceux qui aiment regarder en arrière pour regarder, rétrospectivement, la personne qu'on est devenue. J'aime savourer les minutes agréables qui passent, et m'en souvenir, longtemps après.


Caro est de ces gens qu'on ne rencontre qu'une fois dans la vie, un de ces personnages bigger than life, prêts à tous les excès pour s'arracher à la monotonie du quotidien, ce train-train qui semble normal aux autres, mais qui, eux, les tue à petit feu. Caro est une comète.


Je pensais que je me sentirais triste de la voir sans doute pour la dernière fois. Mais je me sens surtout soulagée.
La comète que je connaissais a filé, en se transformant, tourbillonnante, en une personne que je ne reconnaissais plus.

Caro a chamboulé ma vie au moment où j'en avais le plus besoin, au moment où je cherchais du nouveau, de l'aventure. Et j'ai vécu mes aventures grâce à elle, ou, quand j'étais trop sage, à travers elle.


Mais maintenant, je suis assez grande, et assez forte de son apprentissage, pour me lancer dans ma propre aventure, à mon propre rythme. Et ce sera un rythme posé, serein, ce sera une aventure somme toute banale, mais c'est celle-ci que je veux.


Je ne sais pas ce que Caro va devenir. Je ne sais pas si elle va continuer à vivre au jour le jour, en se nourrissant de ses impulsions. Je ne sais pas si elle arrivera à être heureuse à nouveau.

Mais je sais que je me souviendrai toujours de cette étoile filante qui a traversé ma vie, avec ses rires, ses phrases cochonnes, ses sous-entendus, ses bières et ses discussions philosophico-littéraires. Cette fille, intense, joyeuse, gourmande de vie, qui fut mon amie.

2 commentaires:

  1. Moi aussi j'ai eu une "Caro" dans ma vie, tout pareil. Tu vois, je crois qu'il y a un truc cosmique et tout. Flippant ^^

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  2. et moi j'ai eu une meilleure amie sauf que elle à la fin s'acharnait à m'en faire prendre plein la gueule.. et qu'elle comprend toujours pas pourquoi j'suis partie..

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