lundi 22 février 2010

PIRATES !

(Une scène de crime ! Appelez Dexter !)

Comme si ça suffisait pas que j'aie stressé ma race à quatre heures du matin parce que j'avais oublié mon billet d'avion dans ma maison que j'avais fermée à clef et dans laquelle j'avais laissé les clefs. (Oui, je sais, je suis très forte.) Comme si ça suffisait pas que j'aie réveillé la voisine, son mari, et ses deux enfants en bas âge, pour lui demander la clef (qu'elle n'avait pas en fin de compte) parce que les seules autres personnes qui avaient la clef étaient ma mère (en vacances en Egypte) et ma soeur (qui éteint son portable quand elle dort)

Vous pouvez désormais m'appeler la suprême reine des quiches maxi best of. J'aurais pu oublier mon chargeur de portable, ma Game Boy, mon bouquin, ma brosse à dents, mais non ! Oublions les documents officiels et oublions dans la foulée d'embarquer les clefs de chez moi ! (J'espère que Professeur Flaxou ne me quittera jamais parce que sinon je pense que je vais finir par oublier où j'habite, puis par errer dans les rues jusqu'à oublier mon nom, puis par me faire renverser par un bus. Et ça m'emmerderait un peu quand même.)

Finalement il n'y a pas eu de problème, comme quoi ça paye de boycotter les charters :

- Bonjour, j'ai oublié mon billet.
- Pas de problème, on va tout de suite vous imprimer un... Vous faites quoi là ?
- Ben je vous tends mes fesses pour que vous puissiez m'enculer bien profond. C'est comme ça qu'ils font d'habitude chez Easyjet.

Faut me comprendre, ça fait un sacré changement de s'entendre dire "Oui pas de problème" là où on a l'habitude d'entendre "Va te faire foutre et mange ton billet électronique".

Donc j'étais contente, ma journée démarrait sur de bons auspices : j'avais un nouveau billet, on m'a offert la Business Class Lounge alors que j'étais pas du tout en Business, comme ça, par pure bonté d'âme (j'ai fait pipi dans des toilettes en marbre, je me sentais comme Al Pacino). 

Mais voilà, comme le destin ne m'avait pas abandonnée mais seulement oubliée quelques instants, il est revenu à la charge avec mon poids en karma. (J'ai tellement pas de bol avec les avions, dans une autre vie je devais être Oussama Ben Laden.)

Faut me comprendre, hein. Moi, je suis une pacifiste. J'aime la vie, j'aime les fleurs et les chansons. J'aime pas trop les oiseaux mais j'aime bien les chatons. Bref.

Je suis tout à fait pour la lutte contre le terrorisme, parce qu'il faut bien avouer que ça n'a pas l'air très fun toutes ces histoires de bombes et que dans la mesure du possible, ça me ferait plaisir de pas m'en ramasser une sur le coin de la gueule à chaque Paris-Londres. (Et je sais très bien qu'Oussama Ben Laden n'est pas mort, c'était de la licence poétique.)

Donc, les mesures de sécurité, je ne rechigne pas. Et c'est vrai que la plupart des choses qu'ils te demandent ne sont pas non plus trop handicapantes.

(Ah mais! On ne m'avait pas précisé qu'il fallait que je laisse mon lance-roquettes à la maison!)

Mais là, tout de même, je me dois de protester. Et je suis une fille raisonnable. J'ai emmené ni pic à glace, ni scie à rondins, ni club de golf, ni skateboard, ni revolver, et croyez-moi c'était pas l'envie qui manquait. (Y'a un terrain de golf à Kettering, j'aurais pu en profiter mais NON, je suis respectueuse des lois, c'est mon côté germanique.)


Mais faut croire qu'il fallait absolument trouver dans mon sac à dos une arme potentiellement dangereuse dans un futur putatif, et voilà à quoi on arrive.

Ils m'ont pris mes confitures.

Est-ce que ça pourrait s'apparenter à des bombes, je vous le demande et la réponse est NON ! C'est des confitures ! Des confitures de ma mamie ! Y'a rien dedans à part des fruits fraîchement cueillis de la forêt, beaucoup de sucre, et presque autant d'amour.

Et les contrôleurs m'ont confisqué mes confitures quand même. Sous prétexte que c'est des liquides. Ils doivent être bien malheureux pour être aussi méchants. (Ou alors ils ont jamais eu de mamie et ils savent pas que les confitures maison, c'est tout sauf liquide. Ce qui expliquerait pourquoi ils sont malheureux. Moi aussi je serais malheureuse à bouffer toute ma vie des confitures de supermarché, celles avec le pouce là.)

Je songe au complot. 

Peut-être que la personne mystérieuse qui m'a hacké deux fois quand j'étais célèbre me poursuit inlassablement et traque avec l'énergie de la haine toutes mes chances de bonheur terrestre. 

Peut-être qu'il y a déjà eu un cas de bombe-confiture et que depuis ils se méfient.

Peut-être surtout qu'une combinaison comme framboise-groseille, je suis pas la seule à en vouloir, et tout cela n'est qu'un prétexte pour que les gens de la sécurité puissent s'enfiler en douce les confitures de ma mamie.

Je penche pour la troisième option.





PS : Un bonus dans le lien du titre.

jeudi 18 février 2010

Et bon appétit bien sûr



Peut-être que vous le savez déjà, mais je copie tous mes articles de Krommlech. Allez voir son blog, il est bien.

Moi, si je devais inviter trois personnes à mon dîner imaginaire...

Bon d'abord je voudrais bien savoir si c'est obligatoire de faire un dîner imaginaire. Est-ce qu'on peut pas plutôt faire un coup au bar imaginaire, ou bien un sandouiche imaginaire. Non parce que malgré ce qu'en disent mes collègues, je suis pas un cordon bleu non plus (mais mes collègues elles sont Anglaises, alors tout ce que j'emmène dans mes p'tits tup's c'est formidable).

- Oh ça sent bon Charlotte! Qu'est-ce que c'est?
- Ben du poulet avec du curry, et puis j'ai aussi mis des oignons grillés.
- Ouah mais c'est génial! Et à côté c'est quoi?
- Ben du riz, et des brocolis.
- Ouah mais c'est fantastique!
- Ah et puis j'avais des oeufs périmés et mon beurre allait devenir rance, alors j'ai fait des cookies. J'en ai mangé et j'ai pas vomi, vous pouvez y aller.
- Ouah mais c'est réellement fantasmagorique! Tu devrais ouvrir un restaurant!

Alors je vous présente mon restaurant : on sert du poulet au curry, du boeuf Strogonoff, de la tartiflette, du gratin de légumes (avec des lardons), du risotto au saumon, des crêpes au Nutella, des cookies, et des brownies avec du mou qui colle dedans. Ça déconne pas. Mon restaurant c'est le Fer Rouge, attention, c'est au moins du trois étoiles au Michelin, je vois d'ici les critiques culinaires enthousiastes :

"L'idée de marier les saveurs du boeuf Strogonoff avec des patates sautées et des haricots est non seulement exquise, mais en plus incroyablement innovatrice. Sans doute la révélation de l'année. Et ces cookies étaient, n'ayons pas peur des mots, comme des petits morceaux de paradis fondant dans la bouche. Et à peine brûlés en plus! On sent l'étoffe des grands chez Charlotte."

Donc bon, peut-être que je pourrais faire fortune en Angleterre si j'exploitais mes "dons" culinaires, et peut-être surtout si je travaillais sur mon accent français :

- Oh, Charlotte, ton copain a un accent vraiment adorable!
- Ah bon?

(Professeur Flaxou est un scientifique, ne l'oublions pas. Il regarde des films en V.O. sans les sous-titres, mais niveau oral, c'est plutôt du genre "Ello, ow are iou, naïce tou mite iou".)

- Oh oui je trouve que c'est trop mignon. C'est vraiment dommage que toi tu l'ais pas!

Vraiment dommage, oui. Ça fait juste dix ans que je bosse dessus comme une malade. Connasse.

Bref. Mon dîner imaginaire. (Ils auront du risotto et tant pis pour ceux qui aiment pas le parmesan.)

Si j'ai bien compris, il faut inviter que des gens morts, sinon c'est trop facile (c'est vrai que je pourrais dîner avec Tarantino, Tim Roth ou Phillip Pullman tous les jours de ma vie, c'est bien connu.) Du coup je choisirais Tolkien, Répine et Shakespeare.

Tolkien parce que eh jette un œil à mon pseudo pour voir. Voilà. C'est un peu mon idole totale, en plus il avait l'air d'être vachement gentil, un genre de papy super intello qui parle en viking. La classe.

Répine parce que j'ai découvert ses tableaux pendant mon premier séjour à Moscou et que je suis tout de suite tombée amoureuse de son style "mange-toi un poing dans l'estomac" quand mes yeux se sont posés pour la première fois sur "Ivan le Terrible et son fils Ivan". (Et pourtant d'ordinaire je suis pas si sensible à l'art. Par exemple, la Joconde, ça m'a rien fait du tout. Bon c'est vrai qu'au lieu de voir la Joconde, j'ai vu trente têtes de Japonais et un bout de Joconde derrière, mais quand même.)

Shakespeare parce que je l'ai découvert dans ma période ado romantique et que j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps devant Roméo et Juliette, et puis parce qu'ensuite j'ai lu Hamlet qui résonnait bien avec mes plusions misanthropes de l'époque, et puis enfin j'ai lu Macbeth parce que dans les livres sur Tolkien, ils disaient qu'il s'en était inspiré. (La forêt qui marche, le mec qui proclame "aucun homme ne peut me tuer", heum heum, deyja viou comme disent mes potes anglais.) Sans oublier Richard II l'an dernier, qui au fil des lectures est devenu tellement passionnant que j'en ai mémorisé des passages par cœur.

Ce serait un dîner de fous.

Je demanderais à Tolkien de tout bien m'expliquer, les histoires d'Ainur et de Valar et de Maiar et d'Iluvatar, parce que j'ai beau être une fan, ça reste un peu flou. Je lui demanderai de me raconter les histoires des deux autres Istari, parce que ça m'a toujours intrigué (en plus on sait même pas de quelle couleur ils sont, c'est frustrant). Je lui demanderais de m'apprendre le gotique et le sanskrit, et à nous deux, on étudierait les origines du langage humain.

Ensuite je demanderais à Répine de me dessiner Sadko dans le royaume sous-marin sur la nappe (j'en choisirai exprès une en papier), et puis il me ferait une grande fresque avec tous les personnages de mes contes russes préférées (Baba-Yaga et sa maison perchée sur une patte de poule, et autres joyeusetés). Et puis comme ça je m'exercerais à lui causer dans la langue de Pouchkine. (Même si ça risque d'être chaud étant donné qu'il est mort avant la réforme de la langue, du coup il dirait plein de sons que j'ai jamais étudiés, mais on s'arrangera. Au pire Tolkien nous fera la traduction.)

Et puis avec Shakespeare, ce serait la fête, parce que, de un, je serais la première à découvrir qui il est vraiment (Je vendrai l'information à VSD, ça sera bien plus intéressant que "qui a tronché Paris Hilton à Saint-Tropez"). Et puis de deux, je pourrais enfin vérifier si oui ou non il ressemble à Joseph Fiennes (mais j'ai peu d'espoir parce que sur son portrait, il ressemble plutôt à un Village People.)

(Sexy, ta boucle d'oreille.)

Ce serait pas forcément un dîner super animé (sauf peu-être une fois que Répine aurait vidé sa deuxième bouteille de vodka et entamé un solo sur mon ukulélé). Mais ça en jetterait grave. Et, comme Krommlech, je prendrais une photo pour immortaliser le tout.


Ah ouais, ça en jette, on s'y croirait.

(Admirez mon talent à Paint, je ne suis pas une bourgeoise qui a Photoshop.)

Et vous, vous inviteriez qui ? (C'est pas juste une question rhétorique de fin d'article de Skyblog hein, ça m'intéresse vraiment).

mardi 16 février 2010

Saint-Valentin, la fête des crétins


Non mais là, non. Ca ne va plus du tout.

Cette fête ne nous avait-elle pas déjà assez écœurée d'immondices mercantiles ?

N'est-ce pas assez de devoir se farcir le restaurant qui voit venir l'argent facile ?

- Oui alors ce soir c'est menu unique à quarante-cinq euros par personne, c'est steak-frites et boule de glace vanille. Mais en forme de coeur.

N'est-ce pas assez de voir les vitrines fleurir de cadeaux tellement kitsch que même une grand-mère allemande n'en voudrait pas dans son salon ? (La palme du cadeau kitsch restant toujours le médaillon avec un cœur cassé en deux, ou encore le cadeau "pas cher mais qui vient du coeur" :Tiens, ma chérie, je t'offre la gourmette de ma communion, celle qui fait trente-cinq kilos et le diamètre d'une chaîne de vélo. Comme ça non seulement ça te fait une antisèche au cas où t'oublie mon nom, mais en plus, si jamais tu te fais agresser dans la rue, tu peux assommer des gens avec.)

N'est-ce pas assez de voir avec consternation que la plupart des couples se sentent obligés par l'instinct grégaire de célébrer leur amour un jour donné précisément (ce qui à mes yeux signifie "oui bon je célèbre notre amour mais c'est bien parce que tout le monde le fait", donc non seulement c'est pas original mais en plus c'est pas sincère).

Mais non, en plus de ces mascarades commerciales et autres vitrines à base de cœurs en sucre, il faut maintenant se farcir ça :

"Les destins croisés de couples qui se
séparent ou se retrouvent, de célibataires qui se rencontrent à Los
Angeles, le jour de Saint-Valentin..."

Un film qui sort le jour de la Saint-Valentin, qui a pour thème la Saint-Valentin, et qui se titre (oh comme la vie est bien faite) Valentine's Day. Un film follement original (des destins-croisés-vont-ils-trouver-l'amour, le seul truc étonnant c'est qu'il n'y ait pas Romain Duris dedans).

Avec une pléthore d'acteurs connus, et dans le choix du casting on voit qu'ils ont ratissé large : Julia Roberts pour faire tête d'affiche ("Je fais mon come-back mais c'est la dernière fois hein ! Après je retourne m'occuper des mes jumeaux aux noms imprononçables. Comment ? Plein de pognon ? OK mais c'est la dernière fois hein !") et puis plein de gens qu'on a vu que deux ou trois fois (Tiens c'est le mec de "The hangover", tiens c'est le mec de "70's show", tiens c'est la nana, elle jouait dans un film où elle avait presque trente ans et elle bossait à New York pour un grand magazine de mode mais elle avait pas trouvé l'amour, et ensuite y'a un mec qu'elle déteste mais à la fin ils se marient.)

(Toi aussi, amuse-toi à trouver les trente-six films visés dans cette description.)

Et puis même, pour attirer les minettes de quinze ans, le mec de Twilight (pas celui qui brille, l'autre). Le mec il est devenu tellement célèbre qu'en Angleterre, dans une librairie, j'ai vu sa biographie officielle dans la vitrine. Mais il a dix-sept ans ! Sa biographie officielle elle tient en deux lignes ! "Alors il est né, il est allé à l'école, il a joué dans un film pour enfants, puis il a fait Twilight, et l'an prochain il passe le Bac". (Bon ça n'empêche qu'il a un corps de rêve, mais je me sens quand même un peu pédophile en admettant ça).

Bref.

Voici où mène la débauche et la décadence de la société, c'est la chute de notre empire moral, l'effondrement des valeurs : on fait des films calibrés pour sortir à la Saint-Valentin, pour que quand tu fasses le ciné-restau avec l'élu de ton cœur, il n'y ait pas de bagarres à base de "film avec plein d'explosions" versus "film avec Meg Ryan". Maintenant tout le monde est content et tout le monde va voir Valentine's Day, parce que c'est le film qui a la plus courte date de péremption de l'histoire du cinéma et que le lendemain de la Saint-Valentin, il sera plus d'actualité.

Nous avons créé un monstre.



PS  : Et puis pourquoi la Saint Valentin, d'abord ? Valentin, de base, c'était un mec qui s'est fait affreusement torturer et mis à mort parce qu'il aurait rendu la vue à une fille aveugle (note le conditionnel qui montre que j'y crois pas : y'a que les opérations de la cornée qui peuvent rendre la vue aux aveugles. Et s'il a réussi à faire son opération de la cornée au fin fond d'une cave, avec deux silex, en l'an 300 machin-chose, alors respect.)

Je propose que l'on fasse de la Saint-Valentin la fête des aveugles, qui en temps normal n'ont pas beaucoup de trucs à fêter (Ils peuvent même pas aller au cinéma voir Valentine's Day. Les pauvres.)  

Qui est avec moi ?

lundi 8 février 2010

Acte premier

 (Mon mec idéal c'est ça. Un mec qui a une épée.)

Ça commence avec un anneau.

(En réalité non, ça commence avec la création du monde, les Ainur, les Valar et les Maiar, mais si on va dans ce sens on n'y arrivera jamais).

Ça commence donc par un anneau, créé par un mec super méchant (déjà il a un nom de méchant : Sauron. Ouuuuh.) Sauron était le successeur de Morgoth (comme dans l'expression "Un Balrog de Morgoth"), un mec encore plus méchant. Morgoth c'était en quelque sorte le Judas de la Terre du Milieu, ou le Dark Vador ou le Voldemort, si tu préfères des comparaisons plus contemporaines. Il était littéralement passé du côté obscur et il avait passé sa vie caché dans des caves à comploter la fin du monde en fabriquant plein de créatures hideuses (notamment des Orques, des araignées géantes, et des Balrogs, donc.)

Sauron lui aussi était pas mal méchant, mais il n'avais pas les pouvoirs de Morgoth (parce que Morgoth c'était un Valar et Sauron seulement un Maia, c'te honte). Du coup au lieu de créer des créatures monstrueuses, il a créé des anneaux (tapette).

Le plan c'était de se faire passer pour un gentil (ce qui était assez difficile vu sa garde-robe de méchant, pleine de choses noires et de trucs à pointes), de mettre plein de pouvoir dans les anneaux, et de les donner aux peuples de la Terre du Milieu, comme ça, par pure bonté d'âme. (Un peu comme les présidents qui s'enfuient du Togo et qui t'envoient des e-mails pour te demander de cacher leurs millions de sous, et en échange ils te donnent la moitié, comme ça, par pure bonté d'âme.) 

Le pire c'est que le plan de Sauron marche (les habitants de la Terre du Milieu avaient pas appris à se méfier, ils avaient pas de boîte e-mail). Et comme ça, tous les peuples principaux reçoivent des anneaux de pouvoir : les Elfes en reçoivent trois, les Nains en reçoivent sept, et les Hommes en reçoivent neuf.

Le plan secret de Sauron, c'est qu'il avait forgé en cachette, de ses petites mimines, un Anneau Unique pour contrôler tous les autres. Seulement c'est là qu'il se fait un peu baiser, parce que son plan ne marche qu'à moitié : les Elfes, qui sont un peu malins quand même, utilisent le pouvoir des anneaux contre lui pour créer des champs de force qu'il ne peut pas briser (aha t'avais pas vu ça venir sale petit gothique). Les Nains, eux, il leur arrive rien d'extraordinaire sinon qu'ils deviennent plus cupides que d'habitude (moi je sens l'excuse facile). Par contre, bon, les hommes ils se font rouler comme des bleus et ils deviennent des spectres au service de Sauron (ah ben bravo).

Seulement un jour Sauron se fait couper un doigt par un pécore qui passait par là, et paf l'Anneau est plus à lui. Puis Sauron meurt d'un doigt tranché (lopette) mais en fait il ne meurt pas vraiment vu que l'Anneau contient une partie de son âme, alors il erre juste sous la forme d'un gros œil, en attendant de récupérer l'Anneau et de retrouver un corps (J.K.Rowling sale copieuse).

Pendant ce temps l'Anneau fait un bout de chemin, avant d'arriver entre les mains d'un Hobbit.

Attention ? Vous êtes prêts ? C'est là que ça devient chiant.

Ensuite, pendant environ cent pages, on est au pays des Hobbits et il y a une fête pour l'anniversaire de Bilbo. On apprend que les Hobbits ont des noms marrants, et que les Sacquet de Besace sont méchants parce qu'ils veulent récupérer la maison de Bilbo, même que la vieille rombière des Sacquet de Besace, elle repart avec un parapluie, il était même pas pour elle !

(Là je t"ai résumé la péripétie la plus palpitante).

Bilbo disparaît lors de sa fête d'anniversaire pour partir vivre chez les Elfes (on croit que c'est une métaphore pour dire qu'il va mourir, mais en fait non). Il laisse l'Anneau à Frodon, et pendant trente ans il se passe rien, à part que Gandalf le magicien galope un peu partout en Terre du Milieu, parce que ce que nous on a compris dans le prologue, lui il le sait toujours pas.

Puis un beau jour Gandalf débarque chez Frodon et lui annonce qu'il doit partir à l'aventure (décidément c'est une manie), et puis comme Sam la jardinier écoutait aux fenêtres, on l'embarque aussi, pas de témoins : pas de palais, pas de palais...pas de palais. (Si tu comprends cette blague, bravo, toi aussi tu es fan d'Alain Chabat).

Les deux Hobbits prennent la route, et tombent accidentellement sur deux éléments comiques qui se joignent à eux. Ils se perdent vaguement dans la forêt et son attaqués par des spectres sur des chevaux noirs qui essayent vaguement de tuer Frodon mais n'y arrivent pas car ils ne savent pas nager (lopettes).

Ensuite les Hobbits se font manger par un saule et se font sauver par un petit gros qui parle aux arbres et qui est apparemment l'être le plus vieux et le plus sage de toute la Terre du Milieu (et en plus sa femme est une petite jeune super canon, alors il doit être riche aussi). Le petit vieux, Tom Bombadil, leur donne des poneys et à manger, parce qu'il est rudement sympa et qu'il a pas souvent de la visite, mais les Hobbits pas très doués se perdent dans le brouillard et se font attaquer par les spectres qui vivent sous la montagne et qui tuent des gens de temps en temps. Heureusement, Tom vient les sauver grâce à ses dons télépathiques, et ensuite les Hobbits et Tom pillent les richesses de dessous la montagne (y'a plus de respect).

Puis les Hobbits arrivent dans un village où ils sont censés retrouver Gandalf, mais comme Gandalf est légèrement en train de faire une bagarre de pouces avec Saroumane, ils rencontrent Aragorn à la place. (Faut dire que Frodon, pour le leader d'une quête secrète qui décidera du destin du monde, bonjour la discrétion : "Eh regardez tout le monde, je vais sauter par-dessus la table et disparaître !" Pompon sur la Garonne hein.)

Aragorn repart donc avec les Hobbits, ils marchent, ils marchent, tranquillou bilou, et paf ! des Nazgûls ! Frodon se fait embrocher comme une vulgaire merguez et commence à mourir, mais heureusement il est emmené par cheval-express à Rivendell (où les Nazgûls ne peuvent pas entrer parce qu'ils ne savent toujours pas nager - lopettes) et il est soigné. 

(Selon les version c'est Arwen ou Glorfindel qui conduit le cheval, mais honnêtement qu'est-ce qu'on s'en fout. C'est un peu comme si aux infos on t'annonce "Le président Barack Obama est arrivé ce matin en Haïti" et que des tonnes de gens pas contents demandent "Oui mais qui l'a conduit là-bas ?")

Rivendell c'est un endroit protégé par la magie d'Elrond (aussi appelé Agent Smith, aussi appelé Priscilla folle du désert, mais il aime pas trop parce que ça casse sa crédibilité.) Elrond il se la pète genre ma forteresse est infranchissable, mais en fait il arrive à protéger sa maison que parce qu'il a l'anneau de pouvoir de Sauron alors moi à sa place je ferais profil bas. (Mais les Elfes ont quand même une sacrée tendance à péter plus haut que leur cul, tu verras dans quelques lignes quand on rencontrera Galadriel.)

A Rivendell, Frodon retrouve Bilbo, qui n'est pas mort mais pas loin, et il est content. Après y'a plein de gens qui chantent des chansons, et puis un très long conseil avec plein de gens qu'on reverra plus jamais. En gros chacun essaye de se refiler la corvée d'aller jeter l'Anneau dans la Montagne du Destin (qui n'est quand même pas la porte à côté, et puis c'est un peu la Blitzkrieg en Terre du Milieu en ce moment alors bonjour la mission commando). Finalement ils décident qu'ils seront neuf, pour contrer les neuf Nazgûls. (Perso j'aurais peut-être choisi Gandalf et huit gros bourrins au lieu de Gandalf, trois gros bourrins, quatre courts sur pattes qui pensent qu'à bouffer, et un Elfe. Nan mais un Elfe quoi. Il va faire quoi, il va vous réciter un poème pendant que vous poutrez du Balrog ?)

La Communauté se met en route, il se passe pas grand-chose à part une attaque nocturne par les loups géants que Gandalf envoie coucouche-panier en un rien de temps ("Heureusement qu'on a Gandalf" se disent les autres, et Tolkien rigole dans sa barbe en pensant "Ah ouais mais plus pour longtemps les mecs".)

Après ils essayent de monter une montagne mais elle veut pas (c'est une montagne respectable, pas le genre de montagne qui se laisse faire dès le premier soir) alors ils font demi-tour, de toute façon c'était ça où ils tuaient Legolas :

- Je sais marcher sur la neige et pas vous-euh !

Du coup ils passent par des toutes grandes cavernes sous la montagne (au début ils veulent pas mais y'a un gros poulpe qui les oblige, peut-être qu'il bosse à la commission). Ils marchent ils marchent, et paf une tombe ! (Ça veut dire que tous les nains de dessous la montagne sont mort). Ensuite ils fritent des gobelins et un troll bien vénère, et puis paf un Balrog! (Un Balrog c'est un genre de démon du feu. Ça présuppose qu'il est pas très gentil. En général les trucs qui brûlent sont rarement gentils. Regarde les méduses : sales putes.)

Le Balrog poursuit la Communauté, puis y'a une scène de fou avec un affrontement entre la flamme des gentils (la flamme d'Anor) et la flamme des méchants (la flamme Doudoune, on sait pas pourquoi, peut-être qu'elle tient particulièrement chaud). Et Gandalf on dirait qu'il gagne parce qu'il fait sa passe magique du douanier suisse ("Vous ne passerez pas ! Ouvrez le coffre qu'on vérifie si vous exportez pas illégalement des coucous et du chocolat !") mais en fait le Balrog a un fouet (ouh petit coquin) et il attrape Gandalf et Gandalf tombe. 

(Et là tout le monde croit qu'il est mort mais en fait naaaaaan.)

Le reste de la Communauté marche encore un peu (en fait cinq jours mais bon c'est un gros bouquin, alors je résume) et paf des Elfes ! Les Elfes en ces temps sombres, ils se comportent pas comme aux temps jadis, ils se comportent plutôt comme des terroristes kabyles : ils attachent les membres de la Communauté, ils leur bandent les yeux, et ils demandent une rançon au Gondor ils les amènent en audience devant Galadriel.

Galadriel c'est une meuf, ça fait des millénaires qu'elle est belle et intelligente, alors elle a fini par le croire, par contre maintenant elle se la pète grave. "Oh là là je parle dans vos têtes, ça vous en bouche un coin hein?" "Ouh je verse de l'eau dans une bassine et ça fait un miroir, comme je suis intelligente" (genre l'homme de Cro-Magnon il avait pas trouvé la même feinte, mais bon). Ensuite Frodon comme il est un peu débile il lui offre l'Anneau, et alors Galadriel devient toute verte et parle avec une voix de cancer du larynx en jetant les bras en l'air (non mais quelle diva) pour finalement dire "Non c'est bon, j'ai pas super envie d'un Anneau du pouvoir ultime, un autre jour peut-être".

Huit mois plus tard ils repartent (entre-temps ils font rien que de tresser des cordes et de manger du miel, c'est à peu près aussi intyéressant qu'un épisode de Winnie l'Ourson). Galadriel leur fait des cadeaux vachement utiles, sauf le nain qui se fait un peu rouler parce qu'elle lui offre trois cheveux. (J'veux pas dire mais les autres ils ont des capes d'invisibilité, des pierres précieuses, des lumières d'étoiles et tout, et le nain on lui offre des vieux poils de tête. Racisme!)

Puis ils décident d'aller en excursion canoë, ils pagayent, ils pagayent, ils passent des vache de grandes statues, ils pagayent encore un petit peu, et paf ! Boromir devient méchant. (On le sentait un peu venir avant mais j'avais pas envie de vous spoiler). En fait c'est parce que c'est un Homme et il est vulnérable au pouvoir de l'Anneau (tu me diras Aragorn aussi c'est un Homme, moi j'ai bien envie de répondre non, c'est un Dieu, mais bon l'heure n'est pas aux divergences).

Du coup Frodon pour s'échapper il met l'Anneau, hop hop il devient invisible pour tous les gens dont on se fout (Legolas par exemple), mais il devient soudain très visible pour tous les esclaves du Mordor, alias les gens qui sont à ses trousses depuis trois cent pages (bien calculé, vieux).

Donc hop hop voilà le bataillon d'Uruk-Hai qui débarque (les Uruk-Hai c'est un peu des Orques 2.0 : "Nouveau, avec les Uruk-Hai, vous pouvez maintenant voyager sous la lumière du soleil !") et puis ils se frittent tous, sauf Frodon qui s'échappe et Sam qui le suit (maintenant on sait pourquoi Sam c'est un nom de chien et de conducteur attitré : c'est la bonne poire par excellence). 

Et là c'est la fin du Tome 1. ("Han nan t'as pas raconté ce qui arrive à Boromir !" Patience, ça viendra, c'est dans le tome 2. De toute façon j'aime pas en parler parce que ça me fait pleurer, mon capitaine mon frère tout ça.)

Bientôt, ou plutôt quand j'en aurai le courage, je vous raconterai la suite.



Ici, le tome 2.

Ici, le tome 3.

La Princesse de Clèves


 (Voilà qui est mieux.)

Oui, je sais que pour être consistante avec mes vues politiques, je devrais adorer "La princesse de Clèves". Mais j'ai fait option Littéraire, alors le classicisme, s'il fallait encore une raison pour que ça me sorte par les trous de nez, les œuvres complètes de La Fontaine et de La Bruyère pendant deux ans n'aident pas vraiment.

Donc la Princesse de Clèves, c'était pas en lecture obligatoire, mais je l'ai lu quand même parce que c'était sur la liste de "lectures suggérées" pour le Bac de français et que j'avais lu tous les bouquins de la liste (Hermione, sors de ce corps). Enfin, "je l'ai lu". Disons plutôt "je l'ai survolé en diagonale tout en regardant Le Seigneur des Anneaux".

L'histoire de la Princesse de Clèves, c'est trompeur : tu vois écrit "Princesse", tu penses dragon, château, la plus haute tour du plus haut donjon, un chevalier vaillant, du sang et des boyaux, du sexe caché dans des allusions, enfin des trucs vaguement intéressants.

Mais en fait, Madame de Clèves, c'est même pas une vraie princesse. Et son histoire, tellement elle est chiante, on dirait le Myspace d'une fille de treize ans.

Jour 1 :
"Aujourd'hui mon père m'a donné en mariage à Monsieur de Clèves, il a l'air raisonnablement gentil."

Jour 128 :
"Aujourd'hui j'ai cueilli des fleurs dans le jardin. S'il m'était arrivé un truc dans ma vie, je pourrais faire une métaphore avec l'amour ou la mort. Mais en fait non."

Jour 257 :
"OMG ! Monsieur de Nemours est trop beau ! On dirait Robert Pattinson tellement il est beau ! Comment je suis trop grave amoureuse de lui !"

Jour 258 :
"Haaaaan il m'a regardééééééééée !"

Jour 264 :
"Haaaaaaaaan il m'a encore regardée aujourd'hui ! Je brûle d'un amour tellement intense pour lui !"

Jour 270 :
"Je crois qu'il m'aime aussi. C'est tellement difficile de cacher notre amour brûlant aux yeux de mon mari. Heureusement qu'on s'est jamais adressé la parole dis donc."

Jour 300 :
"Oh non ! Monsieur de Nemours a volé un portrait de moi, mais il a oublié d'emporter la boîte ! (J'adore les mecs obsessionnels qui volent des portraits de moi pour se branler dessus en cachette, trop romantique.) Mais quand même, c'est suspect, vu que tout autre qu'un amant n'aurait pas pris le portrait sans emporter la boîte ! Mon mari commence à devenir jaloux, que faire ?"

Jour 320 :
"Bon ben mon mari est mort de chagrin devant ma trahison ultime d'avoir presque parlé à un autre homme. Ca, c'est fait."

Jour 1589 :
"J'en reviens pas que Monsieur de Nemours il se pointe comme ça, alors que mon deuil est à peine entamé, et il me demande de me marier avec lui ! Quel goujat ! Je lui ai donné un soufflet, tu vas voir qu'il va pas l'oublier de sitôt."

Jour 2198 :
"Toujours veuve."

Jour 3174 :
"Toujours veuve. Je gère."

Jour 4352 :
"Faudrait quand même que je pense à mourir, ça devient chiant."

(Dans le bouquin, il y avait aussi des histoires de libertinages sous forme de lettres égarées, mais je t'épargne.)

Et puisque le destin, des fois, il a pas envie de lâcher le steack, en classe de Terminale on est allés assister à une pièce de théâtre avec l'école.

Devine ce qu'ils jouaient.

Le plus fort c'est que je m'attendais à une pièce de théâtre normale, avec une meuf en costume pour faire Madame de Clèves, un mec en costume pour faire Monsieur de Nemours, et ainsi de suite. A la place, il y avait juste un mec tout seul sur la scène, en collants vert et culotte bouffante que Pampers n'aurait pas renié. Il est resté là, tout seul, et il nous a récité l'intégralité du bouquin pendant une heure et demie.

Mais bon, de temps en temps, pour ajouter un peu d'action, il se perchait sur une jambe tel un flamant rose, ou bien il se roulait lentement par terre tout en récitant imperturbablemnt son texte.

Je dirais bien que je ne me suis jamais autant ennuyée au théâtre, mais l'année d'avant, j'étais allée voir une version hideuse de "L'illusion Comique" et ça avait duré deux heures et demie (heures que j'avais passées à contempler le très gros lustre du plafond, et à l'imaginer tomber sur la salle avec pertes, fracas et sang comme dans un film de Michael Bay).

Cette pièce de théâtre a définitivement gravé "La Princesse de Clèves" dans ma mémoire comme l'un des livres que j'ai honte de n'avoir pas aimé, parce que je sais que je devrais, mais non, c'est plus fort que moi, j'entends le titre et j'ai envie de mourir d'ennui. 

(Pour les curieux, dans cette catégorie de livres il y a aussi "Crime et Châtiment", "Guerre et Paix", "Orgueil et Préjugés", et "Moby Dick".)

Après y'a d'autres livres comme "Discours de la Méthode", "Les Confessions", "Les Caractères", ou "Confessions d'une accro au shopping", que j'ai pas aimé du tout, mais je m'en fous.

vendredi 5 février 2010

On choisit ses copains.



Quand j'ai fait un sondage sur "de quoi vous voulez m'entendre parler" y'a quelqu'un qui m'a dit "Parle de ta famille, ça doit être des gens pas banaux" (pluriel de "banals" et pas de "bananes").

Peut-être que c'était un infiltré comme dans le film de Scorsese (mais sans Di Caprio qui meurt à la fin, comment j'ai pleuré ma race) ou peut-être que c'était juste quelqu'un de très perspicace.

Commençons par mes parents : mes parents, à l'origine, c'étaient des hippies. Des hippies alsaciens (la nuance est importante parce que des hippies provençaux, c'est à peu près les hippies alsaciens puissance trois mille). Donc chez nous on avait l'eau courante et l'électricité, mes parents avaient des boulots très sérieux et pas super amusants, on fabriquait pas notre savon nous-mêmes, et ma mère me forçait à me laver deux fois par semaine. (C'est parce que j'avais peur de me noyer dans l'eau de la douche. Pas parce que j'étais volontairement crado. Ou juste un petit peu.)

Mais on était quand même un peu hippies parce qu'on votait à gauche (vous imaginez pas, en Alsace, ça équivaut au putsch de 1917 sur l'échelle du communisme), qu'on était abonnés à Télérama, et qu'on avait que de l'homéopathie à la maison. J'ai passé mon enfance à sucer des granules avec des noms latins (et pour certaines petites maladies, par habitude, je le fais encore. Et puis c'est trop bon aussi.) et une fois, quand j'avais quatre ans, j'ai attrapé une otite de la mort, et ils m'ont scotché un oignon haché derrière l'oreille ! (Je pourrais appeler Amnesty avec des trucs pareils.) Pour ceux qui se demandent, oui, ça a marché, par contre l'odeur était tellement forte que mon oreiller préféré, aujourd'hui encore, a un très faible relent d'oignon. J'aime bien mettre ma tête dedans et inspirer, ça me rappelle ma vieille chambre (elle a aussi senti l'oignon pendant un moment.)

Le truc le plus hippie, c'était quand même que sur la télé, on avait bloqué TF1 (parce que TF1 c'est le diable consumériste). Et puis comme on était dans la montagne, on captait pas M6 (de toute façon ils l'auraient bloqué aussi). Du coup j'ai eu une enfance dénuée de Club Dorothée, de Hit Machine, de Morning Live... en fait j'ai eu une enfance dénuée d'animateurs abyssalement cons (la preuve, c'est que j'ai appris qui était Vincent Lagaf il y a deux semaines).

Mais faut pas vous sentir désolés pour moi, hein. A la place j'allais jouer dehors avec les amis qui vivaient dans ma tête, ou bien j'essayais de tuer les cigognes avec mes flèches en bois, ou bien sinon y'avait toujours le choix de regarder Arte. (Vous comprenez maintenant pourquoi j'allais jouer dehors.)

Ensuite mes parents ont divorcé, et ils sont restés moyennement hippies chacun de leur côté (même si ma mère a plutôt viré bobo, mais bon c'est la transition normale). Ma maman, c'est une maman normale : elle trie les déchets, elle aime la musique et le cinéma, elle sort plus que ma sœur et moi réunies, et elle croit à absolument toutes les chaînes Internet. (C'est parfois un peu fatigant). Du coup elle a proscrit de la maison le saumon, les déodorants à l'aluminium, les micro-ondes, les téléphones portables dans les voitures, et les ananas du Costa Rica. Ma maman elle est aussi persuadée que je suis un génie qui s'ignore, parce que quand j'étais petite j'avais un Q.I. de Sheldon (et certaines des mêmes obsessions d'ailleurs). Seulement le Q.I., quand on le fait bosser, il baisse. Du coup t'imagines bien que depuis le CE1, mon génie a quelque peu diminué. Seulement, à ça, ma mère elle répond :  "Non. Je choisis de ne pas croire à ça. Ma fille, mon génie, va donc distiller des particules positroniques."

Par contre le truc qui est trop génial avec ma maman, c'est que de parler de cinéma avec elle, c'est un peu comme de jouer à Trivial Poursuit édition Génius 1985. Ma mère elle se souvient de chaque film qu'elle a vu dans toute sa vie. Et pas seulement du film : du réalisateur, de l'année de production, des acteurs secondaires, du cinquième caméraman sur la gauche. Des fois c'est même un peu emmerdant :

- Oh, y'a "La nuit du chasseur" qui passe ce soir, j'ai toujours eu envie de le voir !
- Ooooh mais je l'ai vu y'a pas longtemps, je me souviens encore de tout ce qu'il se passe.
- Tu l'as vu quand ?
- Tu sais, quand j'avais la jambe cassée et que j'ai passé tout l'été à regarder des films.
- Tu veux dire l'été de 1976 ?

Ma mère elle est trop forte.


Mon père il est trop fort aussi, hein.  


Il a construit notre maison tout seul, mon père, c'est Davy Crockett mon père, il te pète la gueule. Et sinon mon père il est aussi super fort en maths, et quand ma sœur et moi on était petites il aimait bien nous faire des cadeaux de Noël du genre "Les mathématiques c'est facile" en CD-ROM. Enfin ça c'était ma sœur. Moi j'avais eu de la chance, j'avais eu "Les Zoombinis, à la découverte de la logique", c'était un peu comme des Pokémon avec des épreuves de triage, et ça déchirait sa mère. (Enfin ça déchirait surtout parce que j'avais pas encore joué à Star Wars Droïdes Mécanos.)

Ce que j'aime bien avec mon papa c'est qu'il est assez prévisible : par exemple, sa réponse à n'importe quelle information c'est "Ah ben c'est bien." Vous voulez des exemples tirés de la vie réelle ? C'était à chaque fois sa réponse à "Je déteste ta femme et je veux plus aller en vacances avec vous", "Au lieu de faire sciences po je vais plutôt aller à la fac tirer sur des joints avec des joueurs de didjeridoo" et à "Au fait, Flavien et moi on est fiancés depuis Noël".

Ce que j'aime bien aussi avec mon papa, c'est qu'il se souvient jamais des titres des choses. Il regarde des films, il lit des livres, mais ensuite il oublie tout. Il a une mémoire de Dory pour ce genre de choses, mon papa. Alors ensuite il fait des mix genre :

- Ah hier soir je suis allé voir le film, là... le film connu. Avec des images de synthèse.

(Là c'est le moment où tu soupires parce qu'on est plus en 1977, époque à laquelle c'était facile : le seul film avec des images de synthèse, c'était La guerre des étoiles.)

- Tu sais le film, là... "Allégorie". Non : "Incarnation".
- "Avatar" ?
- Oui, c'est ce que j'ai dit.


Sinon j'ai aussi une grande sœur qui est mi-directrice de crèche, mi-ninja.


(bon là on dirait pas trop, mais en vrai elle peut être super menaçante)

J'te jure, je sais pas à quelle école secrète elle a été à Mulhouse, mais c'était pas l'école d'éducatrices de jeunes enfants, y'a pas moyen. Ça devait être une couverture pour l'école top-secrète d'espions qui font du kung-fu.

Ma soeur elle peut te paralyser en une seule prise (elle s'entraîne souvent sur moi pour pas perdre la main) et tu l'entends jamais, jamais venir. C'est assez flippant. Un moment tu es dans la cuisine, sur le point de racler la crème vanillée des éclairs ni vu ni connu, et l'autre moment elle te tape sur la main à la vitesse de l'éclair en hurlant : "Non ! C'est vilain ! Vi-lain !" (Je plains ses futurs gosses, vu comme ça se profile c'est pas à la baguette qu'ils vont marcher, c'est au pas de l'oie.) 

Le jour de l'apocalypse de zombies, moi je sais où je vais direct : pas chez les pompiers, pas chez les militaires, même pas sur le toit de la centrale de Fessenheim. Je vais chez ma sœur, et je sais que je la trouverai en train de poutrer du zombie dans ses escaliers en gueulant "Quand on rentre chez moi on s'essuie les pieds !"

Ma soeur et moi, on partage plein de trucs : on a le même grain de beauté près de l'oreille, on achète les mêmes vêtements (avec cinq tailles de différence), on a grandi avec la même musique (mais y'en avait une des deux qui était plus d'accord que l'autre sur le choix de CD, je vous laisse deviner qui. Indice : "au nom de la rooooooose, mon amie la femme, prête-moi ton coooooorps") et on partage certains traits de caractère, comme par exemple le fait qu'aucune de nous n'ait jamais fait une nuit blanche de sa vie et qu'on s'endort tous les soirs à vingt-deux heures trente (sauf à Nouvel An).

J'ai aussi un papy qui parle welche et qui coupe du bois, une mamie qui arrête pas de nous gaver de nourriture bien alsacienne (certains d'entre vous se souviendront de son combat de tous les instants contre la crème allégée), un parrain qui habite mi-en Suisse mi-au Vietnam, un tonton rigolo qui a une moustache, une tata qui parle jamais d'autre chose que de ses chiens, une tripotée de cousins que je vois qu'à Noël, et un chat complètement neurasthénique et ennemi juré de Professeur Flaxou. 



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