mardi 28 février 2012

Hééé... Tu veux la drooogue?


(Salut, je suis un drogué Gettyimages, je me fais des rails de sucre en poudre avant d'aller à la Bourse)


Professeur Flaxou et moi, on est un peu un couple de puritains concernant les paradis artificiels.

C’est-à-dire que mon expérience se résume à… rien du tout.

Oui, c’est dur à croire, je sais. Ma mère ne m’a jamais cru, d’ailleurs. Quand est arrivé le moment où il a fallu me parler des choses de la vie (les abeilles, les fleurs, l’héroïne, tout ça), ça a donné une conversation un peu comme ça :

- Bon, et puis tu sais, la drogue, c’est mauvais.
- Je sais.
- A ton âge, c’est sûr, on ne voit pas les dangers, on a envie d’expérimenter…
- Non, mais en fait, j’ai pas spécialement envie.
- Charlotte. Ne me mens pas. Je sais que tu as déjà essayé la drogue.
- Quoi ? Mais non !
- Oh, allez ! Tu vas me dire que t’as jamais tiré sur un pétard ?
- Ben, non !
- Ecoute, je suis peut-être ta mère, mais je ne suis pas stupide ! Moi aussi j’ai été jeune !
- Mais je…
- Moi aussi j’ai pris du LSD !

Eh ben heureusement que j’ai jamais pris de drogues, parce qu’avec la conversation suivante, j’aurais pu remballer ma mère toute ma vie à chaque fois qu’elle m’aurait dit « Ceci est une intervention ».

- T’as pris du LSD ?
- Mais je savais pas ! C’était dans la bouteille de gin que ce mec m’a tendu en boîte. J’allais pas non plus vérifier chaque bouteille qu’un inconnu me filait !

C’était une autre époque, c’est ça qu’il faut se dire.

- Non, et puis MOI je le connaissais pas, mais c’était un ami de Michèle.
- Michèle ? Ma MARRAINE Michèle ?

OK, c’est super, ma marraine connaissait des gens qui droguaient les jeunes filles à leur insu. Tout va bien.

- Non, mais c’était rigolo, parce que du coup, on en avait toutes pris, et après Nadine était allongée dans un champ de poireaux et on arrivait pas à la relever…
- Nadine ? La marraine de ma sœur, Nadine ?

De mieux en mieux.

- Mais bon, on a rien dit à ton père, sinon il nous aurait engueulées.
- Ben oui, accepter de l’alcool de gens qu’on connaît pas !
- Mais non, pas pour ça ! Il nous aurait engueulé parce qu’on est rentrées en voiture ! Tu sais, ton père, ça a toujours été un peu un rabat-joie.

Ah oui, c’est sûr. C’est super joyeux de faire Mulhouse-Kaysersberg en voiture à quatre heures du mat’ quand on voit à peine la route parce qu’elle se fond dans une forêt enchantée (sic.)

Cette conversation m’a complètement traumatisée. (Surtout quand j’ai appris que c’est ce soir-là que ma mère, complètement fonce-dé, a dit à ses amies « Je vous aime et si j’ai des enfants vous serez les marraines ! » C’est du joli.)

Du coup, je sais pas si c’était juste pour emmerder ma mère parce qu’elle me croyait pas, mais j’ai jamais essayé de drogue, même pas des douces. Jusqu’en 2007, j’avais même jamais essayé la clope ; ensuite j’ai tiré une taffe des clopes soviétiques à 17 roubles d’Adèle, par un bel après-midi à Kitaï Gorod (comment je me la pète, genre je connais les noms des quartiers de Moscou – en fait c’était juste quelque part à Moscou, je sais plus trop où, y’avait un étang et des canards, c’était très joli) et tout le monde s’est foutu de ma gueule :

- Nan, mais là, tu crapotes ! Faut avaler la fumée !

Donc moi, j’ai avalé la fumée comme t’avales un verre d’eau, normal ! Ensuite j’ai failli mourir étouffée et tout le monde a rigolé, parce qu’apparemment, c’est pas comme ça qu’on avale la fumée (mais c’est comme ça qu’on chope un cancer du larynx). Je sais pas, moi, on me dit d’avaler, j’avale !

ATTENTION : La phrase ci-dessus ne doit en aucun cas être sortie de son contexte. T’es gentil.

Cette première expérience avec la cigarette n’a donc pas été très concluante (après, j’avais un mal de tête et un goût de vieux cendrier dans la bouche pendant 12 heures). (Bon, c’était peut-être parce que c’étaient les clopes les moins chères de toute la Russie, ceci explique cela.)

Ensuite, une autre fois, j’ai fumé une chicha (et là, laisse tomber, on me la fait pas à l’envers, j’ai rien avalé du tout), mais c’était pas de la drogue, c’était juste du charbon parfumé à l’orange.

(Juste du charbon. Pas de souci. Ça se saurait si le charbon c’était mauvais pour la santé. Regarde les mineurs dans « Germinal » : c’est des chochottes, c’est tout.)

Et mon expérience avec les choses qui se fument se résume à ça.

(Mon expérience avec les choses qui s’injectent se résume à mon rappel diphtérie-tétanos-polio, et mon expérience avec les choses qui se sniffent se résume à ma morve.)

Et quant à Professeur Flaxou, c’est un peu plus insidieux (et beaucoup plus marrant).

Parce que, vois-tu, Professeur Flaxou, son expérience avec la drogue c’est : 3 taffes sur un joint en une soirée (suite à quoi il a passé la nuit à vomir).

Par contre, Professeur Flaxou, il a un physique un peu spécial au niveau du visage : il a des cernes.

Mais alors, quand je te dis des cernes, c’est pas des cernes laïques, hein ! C’est pas genre « Oh j’ai mal dormi la nuit dernière, j’ai des cernes ! » C’est genre « Oh j’ai pas dormi depuis soixante ans et tous les matins je me verse du jus de citron dans les yeux », ce genre de cernes.

En plus, trois mois de l’année, il fait une allergie au pollen, et ses yeux passent de bleus et jolis à rouges et gonflés (avec occasionnellement des petites larmes qui suintent de ses paupières bouffies, c’est charmant).

Du coup, tout le monde essaye de lui vendre de la beuh.

(En plus, si Professeur Flaxou voulait acheter de la drogue, je pense qu’il préférerait simplement traverser le couloir et aller chez notre voisin le dealer, qui embaume l’ascenseur avec ses odeurs de chichon (un jour je suis montée jusqu’au huitième avec lui, je te jure, j’étais un peu stone rien qu’avec ça)).

Mais quand je dis « ils essayent », c’est pas « Psst ! Tu veux la drogue ? ». C’est des mecs, quand ils voient des clients potentiels, ils font pas semblant, hein !

Par exemple, un soir, Professeur Flaxou prenait le train, et faisait un somme dedans. D’un seul coup, il sent une main qui le secoue. Il ouvre les yeux, et devine quoi ? Ouais, c’était un mec qui l’avait réveillé pour lui vendre de la drogue !

(En bonne communicante, quand il m’a raconté l’histoire, après avoir rigolé un peu, je me suis surtout indignée face à la stratégie de com employée par le dealer. Merde, mais c’est complètement contre-productif, comme attitude !)

(En même temps, quelque chose me dit que les dealers suivent rarement des cours de marketing.)

Et alors, hier, c’était quand même le top du top.

Professeur Flaxou était sur son vélo, et allait à un entretien d’embauche. Donc faut l’imaginer en costard, avec une cravate, des belles chaussures, et son SUBLIME VTT vert et rose de quand Décathlon avait qu’une seule marque (la marque « Décathlon »).

Et là, y’a un mec qui le voit, qui se fout sur la route, qui manque de se faire renverser par une voiture, qui barre le passage à Professeur Flaxou avec ses bras, et qui lui dit :

- Eh ? Bien ou bien ? Tu veux acheter du matos ou quoi ?

(Comme quoi, c’est la crise pour  tout le monde : même les dealers se jettent sous les roues des voitures pour éviter la faillite.)

Et sinon, je sais pas comment finir mon article, alors je finirai par la parade (bien connue des Skyblogs) de la question « lâche tes coms » : et toi, on a déjà essayé de te vendre des trucs illégaux ? (beuh, coke, feux d’artifices en provenance d’Allemagne ?) 


(Tu peux te lâcher, je suis pas Vigipirate.)

samedi 18 février 2012

Laaaa musiiique, ouiii la musiiiique

(Ah ben ça, c'est sûr que c'était mieux que Justin Bieber)


Il y a d'abord eu la fois où j'étais seule en voiture et où j'ai entendu Shakira chanter "Je l'aime à mourir" de Francis Cabrel, dans un espèce de langage bâtard français/espagnol à peine compréhensible, et d'une voix qui faisait penser à Hélène Ségara dans ses pires moments.


(Mais reconnaissons au moins à Shakira la clémence d'avoir commis ce massacre sans procréation musicale assistée, avec option "voix électronique de paralysé des cordes vocales".)


Et ensuite, y'a eu cette fois dans la voiture où Professeur Flaxou et moi on s'est arrêté de parler pour être bien sûrs de nos oreilles, et en fait c'était vrai : c'était une reprise des Cranberries à l'auto-tune (Bon, mais là, même avant, quand j'entendais "Zombie", je ne pensais déjà plus "Cranberries", je pensais "Florence Foresti".)


Ce qui me fait me demander : est-ce qu'on se souviendra des années 10 (huhu, "les années 10") comme des années auto-tune? Je pense que la réponse est : oui.


Et je trouve ça assez rigolo, parce que bon, disons-le, l'auto-tune, c'est le truc le plus moche du monde (la dernière fois que la voix électronique était tendance, c'était quand les chansons faisaient "da beu di da beu da", alors t'imagines bien).


Mais bon, je ne vais pas non plus hurler "C'est Mozart qu'on assassine". Parce que j'ai l'impression que les gens de ma génération sont un peu en décalage lorsqu'on en vient à parler de paille et de poutre.


C'est facile de rejeter en bloc Kesha et Justin Bieber en disant "La nouvelle génération écoute de la merde". C'est facile de brandir Alicia Keys, Amy Winehouse et Daft Punk comme des étendards des années 2000, en criant aux ados d'aujourd'hui "Écoute, ça c'était de la vraie musique!"


Et toi, jeune des années 2000? T'écoutais quoi sur Fun Radio la radio du fun (le slogan le plus pourri de l'histoire des slogans), enfermé à clé dans ta chambre au retour du collège? Hein?


T'écoutais seulement Beyoncé, Coldplay, Eminem, les trucs qui ont encore la classe aujourd'hui?


T'écoutais seulement des trucs indie au nom un peu chelou, genre Arctic Gorillaz, Vampire Breakfast, Clap Your Hands To The Beat To The Yeah To The Boogie Yo?


Ou bien tu vas carrément affirmer que t'es un vieux de la vieille, et que déjà à l'époque tu ne jurais que par Queen, Michael Jackson, Bob Dylan et autres Jimi Hendrix?


Bon, bien sûr, tu vas nous avouer en rigolant d'un air un peu gêné que tu "aimais bien" quelques trucs un peu idiots (mais pardonnables) : un petit penchant inavoué pour les Psy 4 de la Rime, une faiblesse pour Shakira, voire un péché mignon pour Magic System, alias "les mecs qui font la même chanson depuis 10 ans". (Le tout argumenté avec force "Oui mais bon ils avaient des paroles vraiment profondes", "Oui mais bon au moins elle chantait pas en auto-tune comme les pétasses d'aujourd'hui", "Oui mais bon tout le monde écoutait ça en boîte".)


Mais tu crois qu'on t'a pas capté, jeune des années 2000? Tu crois qu'on y était pas en même temps que toi, qu'on n'essaye pas de cacher les mêmes amours honteuses?


On les connaît très bien, ceux dont tu as "oublié" l'existence! Nous, on s'en souvient!


On sait très bien que tu étais complètement in love de Billy Crawford, le boys band à lui tout seul! (Avec sa chorégraphie encore bizarrement hypnotisante aujourd'hui.)


On sait très bien que ta chambre était tapissée de posters de Tragédie, avec ses chansons aux paroles profondes (On pourrait les résumer à "Eh, meuf, descends, arrête de faire ta pute") et leurs chanteurs qui s'appelaient Tizzy Boon et Silky Shai! (Quoi, mais quoi? Tu les as tirés au Scrabble tes pseudonymes?)


On sait très bien que tu projetais de te faire tatouer "Sniper 4ever" sur l'avant-bras! Alors qu'ils disaient "Si j'aurais" dans leurs chansons! Ça veut dire que, non seulement, pas un seul des 4 membres du groupe ne connaissait la grammaire, mais leurs producteurs non plus! Ni leurs parents, ni aucune personne à qui ils ont fait écouter cette abomination! (Et ils ont même pas l'excuse de la licence poétique pour faire la rime, qui servait péniblement à couvrir Don Choa dans "Docteur Hannibal".)


On sait très bien qu'en boîte, tu trémoussais ton booty sur le tube 2004 "Laisse-moi deviner la couleur de ton string" en piaillant "Iiiiiih j'adore cette chansooooon!" (Et aujourd'hui tu casses Rebecca Black pour la profondeur de ses paroles, mais c'est sûr que "Kafrine ouais faut que tu sois chouette faut que tu sois coquette/ Avec ton string couleur sucette" ça bat des records de poésie.)


Bizarrement, les mêmes qui, il y a dix ans, se pâmaient en écoutant les massacres de la première Starac' ("La musiiiique, oui la musiiique", sérieusement, réécoute-le et dis-moi que t'as pas envie de mourir) font aujourd'hui les outrés devant la musique qu'on leur présente, en ne retenant que le mauvais et en "oubliant" le bon.


Tout comme ils "oublient" que, quand ils étaient ados et qu'ils mettaient la radio à fond la caisse pour énerver leurs parents qui comprenaient rien à rien, c'était pas pour se mettre du Chopin. C'était du Tribal King, ouais! C'étaient les Roumains qui chantaient sur leur avion, et tu connaissais pas les paroles alors tu faisais juste "Nouma nouma yé"!


Je conclurai cet article avec un petit rappel pour tous ceux qui aiment dire que les paroles des chansons ont évolué dans la mauvaise direction, en se basant sur les paroles des chansons de Led Zeppelin et de Rebbeca Black. (Ce qui revient à comparer la vitesse de vol d'un faucon et d'un chameau).


2009 :
So you've got a prescription, and that makes it legal.
I find the excuses overwhelmingly feeble.
You go to the doctor, you need pills to sleep in.
Well if you can convince him, then I guess that's not cheating.
So your daughter's depressed, we'll get her straight on the prozac.

But little do you know, she already takes crack.


1958 : 
"Lollipop, lollipop, 
oh lolly lolly lolly,
lollipop, lollipop, 
oh lolly lolly lolly"


PS : Allez, clique sur les liens Youtube. Tu sais que t'en meurs d'envie.

PPS : Je ne suis pas la seule à m'indigner sur les fautes de grammaire des rappeurs.

mardi 14 février 2012

Saint-Valentin, la fête qui sert (finalement) pas à rien

Cette année, je tiens à remercier la Saint Valentin.

Si, si. Même pas du second degré ni rien.

Parce que, sans la Saint Valentin, la ville entière ne serait pas recouverte de pubs pour le parfum.

Et ça veut dire que, tous les matins, sur les cinq kilomètres glaciaux qui me séparent de mon boulot, je ne croiserais pas Clive Owen qui me déshabille du regard.


Et, franchement, par un temps pareil, c'est difficile de se sentir sexy. Le matin, sur mon vélo, je porte des collants en laine sous mon jean (et des chaussettes par-dessus mes collants) et des bottes pleines de taches de neige et de sel. Déjà que mes jambes ne sont pas mon atout numéro un.

Et alors, mon atout numéro un, il est complètement enfoui sous une masse de sous-pulls (label "tiens prends ça ma chérie je l'ai pas mis depuis 1983 mais il est très chaud!"), d'écharpes, et autres manteaux doublés en fourrure. (Et pourtant, les manteaux en fourrure, c'est sensé être sexy. Sauf que le mien, il a la fourrure à l'intérieur. A l'extérieur, on dirait une de ces combinaisons portées par les dresseurs de chiens d'attaque.)

Et puis bon, il reste mon visage, quoi. Les cheveux aplatis par le bonnet, le menton enfoui sous des kilomètres de laine. Les grosses lunettes en plastique (parce que les jolies lunettes ont des branches en METAL, et que quand il fait froid, le métal, CA FAIT MAL). La peau sèche, les yeux qui pleurent à cause du vent. La totale, quoi.

Et là, je croise l'affiche avec Clive Owen (qui a pas trop l'air de se les peler avec sa petite chemise ouverte). Et il est là, tranquille, à côté de sa bouteille de parfum gigantesque, et il semble dire à tout un chacun "Je te veux ici et maintenant".

Et j'en ai rien à foutre qu'il allume tout le quartier et que ça ne soit pas dirigé spécifiquement vers moi, mais quand je passe à côté de cette affiche, je me sens BONNE.

(C'est presque aussi valorisant que de se faire siffler.)

(Oui, j'avoue, j'aime bien me faire siffler. J'ai beau être une féministe, ça m'est arrivé que deux fois en 23 ans, alors quand ça arrive, je suis contente. Comme ça après je peux me venger de mes copines canon et je peux enfin leur dire à mon tour : "Han p'tain j'me suis ENCORE faite siffler l'autre jour, oh là là, trop relou quoi, non mais j'te jure, en plus j'étais habillée comme une souillon hein!".)

Donc, voilà, j'avoue : cette année, la Saint Valentin me fait du bien.

Merci Clive Owen et ton regard de braise, merci les annonceurs de parfum qui triplent leur salaire ce mois-ci, merci la fête qui pousse tout le monde à acheter des cadeaux complètement impersonnels, comme du parfum, pour prouver leur amour à leur moitié en ce jour totalement insignifiant.

(Oui OK, j'ai eu un petit relent acariâtre, mais bon, les vieilles habitudes ont la peau dure.)

Allez, joyeux anniversaire des Serments de Strasbourg de 842!

(C'est parce que j'habite à Strasbourg, c'est pour ça.)

(PS : Wikipedia me dit que le 14 février, c'est aussi l'anniversaire du massacre des Juifs de Strasbourg. Que fêter? Dilemme, dilemme.)

jeudi 9 février 2012

Ma réponse ne tenait pas sur un commentaire alors j'ai fait un article



Je voulais juste remercier "Anonyme" et son super commentaire sur ma note d'il y a quelques semaines, où j'expliquais que je ne savais pas ce que c'était que l'aiglefin, et où j'ai reçu ça :
et bien dit donc j'espère que t'es pas blonde parce que pour ton futur mari la vie va lui sembler longue ! bon l'aiglefin c'est l'autre nom de la morue en fait la morue est séchée l'aiglefin s'est quand on vient de le pêcher .... et le haddock c'est pas le capitaine que tu boulottes mais le même poisson fumé .Il te faut quitter le rayon du poisson carré et peut être te mettre un tout petit peu devant les fourneaux parce que malgrè tout les maris aime assez bien manger et même si on ne les retient qu'un peu avec la "gueule" on les perd facilement par le manque de culture surtout quand on sort en compagnie de leurs collègues ou avec leur supérieurs au restau .....!Allez courage mon petit.

Donc, merci, Anonyme. Ça faisait depuis le Skyblog que j'avais pas eu de commentaire aussi débile, dis donc.

Par quoi commencer?

Le vieux cliché des blondes? Non, trop facile.

Ou bien la précision inutile sur le haddock? (On sait jamais, au cas où je ne connaîtrais aucun nom d'aucun poisson du monde entier. Ou bien est-ce que c'était juste parce que t'avais cette blague sur le Capitaine Haddock et que tu ne pouvais simplement pas la laisser passer?)

Ou bien rempiler des clichés (n'ayons pas peur) et me donner des leçons façon Mamie Nova tendance "Non, on n'a jamais quitté 1950, l'émancipation de la femme c'est pour les faibles"

Alors comme ça, les hommes aiment bien manger, et si leur femme fait mal la cuisine, ils vont la quitter? Même si elle est jolie? Trop dur! 

(Et alors t'imagines le mec qui a une femme moche, ça a intérêt à être un putain de cordon bleu, c'est moi qui te le dis.)

Bon, et puis l'association "cuisine=culture", j'avoue, fallait la trouver.

Oyez, oyez, mesdames! La cuisine n'est pas seulement un élément de la culture générale! Non non, ça c'est bon pour les hommes, tu vois. Toi t'es une femme, c'est bien plus que ça! La cuisine, c'est TOUTE ta culture! Admets une seule fois que tu n'as jamais fait de cassolette d'agneau, et tu te couvriras de ridicule devant la société entière! Ton mari perdra son emploi par ta faute à cause de ta gaffe au dîner avec ses supérieurs, et s'il finit par te quitter, crois-moi, tu l'auras bien cherché!

(Non, mais c'est génial ce commentaire. J'ai l'impression de lire "The Scarlet Letter", sauf qu'au lieu de l'adultère, c'est "Haro sur le sexe faible! Cette femme, qui n'en mérite même pas le nom, nous a toutes discréditées en admettant ne pas connaître le nom des poissons! Honte et déshonneur sur sa famille pour les siècles et les siècles!")

Bon, et puis y'a la cerise sur le gâteau : "mon petit". Vraiment? Mon petit? Y'a que OSS 117 pour appeler encore les femmes comme ça, on est d'accord?

Donc, chèr(e) Anonyme, si c'est du second degré, j'avoue que je l'ai pas compris et que tu m'as bien eue. Si c'est sérieux, s'il te plaît, par pitié, retourne au dix-neuvième siècle et arrête de donner des leçons empreintes de condescendance à des gens modernes. Mon futur mari préfère avoir des longues discussions, aller au ciné, et jouer à Minecraft avec moi plutôt que de me voir trimer derrière des fourneaux.

Donc, merci pour tes conseils, mais non merci. On préfère manger des Mac Dos dans le respect mutuel.

(On sera gros et heureux, c'est un peu le rêve Américain.)

lundi 6 février 2012

Et des chiens aboyaient aux passants morfondus.


 (image de http://ppfeyte.free.fr/givre.htm)


Plus je regarde le Zapping et plus je suis contente de ne pas avoir la télé.

Mais les gens, il se passe des trucs dans le monde! Pourquoi vous êtes tous qué-blo à nous parler du temps qu'il fait?  

Pourquoi vous envoyez vos stagiaires journalistes se peler le cul toute la journée au milieu des champs de patates?

- En effet Jean-Pierre, depuis l'aéroport d'Orly, je peux vous certifier ceci : il fait froid.
- En février! Inouï! C'est à n'y rien comprendre!
- Je ne vous le fais pas dire.

Mais rentre chez toi, petite stagiaire! C'est pas une vie, ça!

- Et sinon, vu que vous êtes à l'aéroport, comment ça se passe avec les avions?
- Ben, il a neigé cinq flocons lundi dernier, donc... ça va.
- Et la circulation? Des embouteillages sur le périph' peut-être?
- Ben, y'a pas de verglas, donc... ça va.

Heureusement qu'ils ont pas des envoyés spéciaux comme ça toute l'année, dis donc.

- Et nous passons au point météo avec notre envoyée spéciale en direct de Strasbourg.
- Bonjour Jean-Pierre. Il fait 25 degrés en ce joli mois de juin, et il y a du soleil. Quelques courageux se sont même installés sur des terrasses de café!
- Eh ben dis donc c'est pas banal!

Moi je m'en fous, j'aime bien l'hiver. (Dit la meuf qui se caille les meules depuis seulement une semaine, viens me reparler fin mars quand il fera encore moins dix, pour voir.) En plus, en Alsace, on est contents, en une semaine on a eu notre quota de soleil annuel. (Rigolez pas trop, dans le Sud. Nous, nos communes savent gérer les chutes de neige.)

Je l'aime surtout depuis le week-end dernier, quand j'ai arrêté de me geler les miches sur mon vélo en faisant les 5 kilomètres qui me séparent de mon boulot. Parce que quand ma mère a vu ma veste "d'hiver" (que j'ai achetée y'a 2 ans en Angleterre, où les hivers tournent autour de +10 degrés, donc tu t'imagines bien la chose), elle a fait comme toutes les mères du monde : d'abord elle m'a engueulée façon "Capitaine Flagrant" ("mais enfin! il fait froid dehors!"), ensuite elle m'a fait un cadeau.

Ce cadeau est à la fois formidablement super et incroyablement immoral. C'est un manteau doublé avec de la fourrure.

Et c'est assez emmerdant, parce que tous les matins, quand je le mets, je me sens sale et méchante. J'ai des visions de petits lapins écorchés qui dansent devant mes yeux et j'ai envie de mourir. Mais ensuite je monte sur mon vélo et j'ai CHAAAAUUUUD!

Donc, le dilemme a été vite réglé, je mets mes scrupules au placard, parce que bon, c'est pas moi qui l'ai acheté ce manteau, il était à ma grand-mère. Et puis bon c'est pas du léopard des neiges non plus, hein, c'est du lapin, et ce serait un peu hypocrite de ma part de dire que ça me révolte alors que je mange du lapin tout le temps (la malédiction du lapin : mignon, mais délicieux).

Et puis, surtout, il fait froid, j'ai pas envie de mourir congelée entre deux pistes cyclables, alors merci petits lapins, vous n'êtes pas morts en vain. 

Grâce à vous, je peux à nouveau apprécier l'hiver comme quand j'étais petite, et que j'étais (semble-t-il) complètement immune au froid, à en juger par les photos de famille où l'on me voir courant allègrement à poil dans le jardin enneigé. (C'est juste avant la photo où on me voit au lit avec une pneumonie.)

(Mes parents, c'étaient des ouf : ils me montrent les albums photos qui devraient d'appeler "Albums d'accidents horribles causés par votre incompétence", et ça les fait rigoler! "Ha ha tu te rappelles de Charlotte la fois où elle avait marché sur une bouteille cassée", "Oh oh comme elle est drôle cette photo de Mélanie en train de lécher la prise de courant". C'est un peu un miracle qu'on soit encore en vie.)

En tout cas, quand j'étais petite, j'adorais l'hiver. Faire des anges dans la neige, faire des bonhommes de neige, lancer des boules de neige sur mes cousins avec mon lance-pierre. Regarder les dessins que faisait le givre sur les vitres de la cuisine.

Et, surtout, quand ton haleine se fige dans l'air. Ça a toujours été mon truc préféré de tout l'hiver.

Quand j'étais petite j'achetais des cigarettes en chocolat, pour faire semblant de fumer, ça m'éclatait trop. J'essayais d'effrayer mes parents en leur faisant croire que c'étaient des vraies cigarettes, mais comme c'étaient des hippies, ils s'en foutaient (j'aurais aussi bien pu me rouler des joints devant eux, pour l'effet que ça leur faisait).

Mais maintenant, je suis grande (enfin, plus âgée, quoi), donc c'est plus pareil :

- Ouah t'as vu mon haleine elle reste en suspension dans l'air ! C'est trop fort ! J'adore ça ! Ça marche comment?
- T'es sûre que tu veux une explication?
- Nan, t'as raison, laisse-moi la magie de l'hiver. Ffff. Fffffff.
- Charlotte tu fais quoi?
- T'as pas une cigarette en chocolat? 

dimanche 5 février 2012


(Ah, le bon vieux temps.)

Depuis que j'ai retrouvé les archives de mon Skyblog, je passe ma vie à faire "Quoi? Mais quoi?"


Le truc le plus fou, c'est pas qu'on puisse changer autant en seulement quelques années. Le truc fou, c'est que ma mémoire fait des mises à jour régulières sur mon moi d'antan. Elle prend le moi de maintenant, et elle update mes souvenirs, la connasse!


Du coup, dans ma tête, j'ai cette image de Charlotte du lycée : calme, posée, sophistiquée:


- Oh, cette soirée à l'opéra suivie d'une rétrospective David Lynch était formidable! Je reprendrais bien un petit verre de Muscat. Tiens, allons faire une soirée "raclette et radis" chez notre couple d'amis, avec encore plein d'autres couples! Oh oh j'ai trop hâte! Repasse-moi un peu de salade de quinoa bio.


Alors qu'en fait, pas du tout!


En fait, la Charlotte du lycée, c'était ça:


- Nan mais ma famille c'est tous des blaireaux, dès que j'ai le Bac je me casse en Sibérie, ça leur fera les pieds. Je lirai du Soljenitsyne les pieds dans la neige, ce sera super poétique. Car comme le disait Descartes, "Si l'on veut savoir qui l'on est, il faut d'abord oublier tout ce que l'on a appris". Eh! Ça fait presque une minute que j'ai pas parlé du Seigneur des Anneaux! Tu savais que, dans le film, Treebeard - bon en français il s'appelle Sylvebarbe, mais le français c'est SO been there, done that, you know - il dit un truc que dans le livre c'est Gandalf qui le dit page 458! C'est trop fou!


Voilà. Ma mémoire sélectionne les passages que le moi de maintenant trouve cool, et (comme le monde est bien fait) oublie les trucs super honteux.


Genre, je me souviens très bien de mes cours de vidéo que j'avais pris au CCIS avec Caro et Sarah, et de mes discussions sur Stanley Kubrick et Orson Welles.


Je me souviens un peu moins bien qu'à cause de ça, je me la pétais comme c'est pas permis :


- Nan mais tu vois-an, j'ai tellement d'idées en tête, le monde ne peut pas rester plus longtemps dans le noir! Je peux devenir QUE réalisatrice, quoi. Ou alors écrivain. A la limite.


Je me souviens encore un peu moins bien que mon premier essai dans le monde du cinéma s'est soldé par un échec cuisant. Et cela malgré mon scénario béton (c'était l'histoire d'une fille qui regarde tomber la pluie en attendant un coup de fil), malgré une interprétation du tonnerre (Sarah qui fouille dans le frigo de ma mère, face aux Tupperwares plein de moisi, et qui doit prendre un air mélancolique) et, surtout, malgré une technique inégalée (le film est en noir et blanc, et puis paf! gros plan sur le téléphone, et là il est en couleur, j'adore, je suis trop un génie, j'ai pas du tout copié Tarantino).


Par contre, je ne me souvenais plus DU TOUT qu'à la même époque, j'avais fait une liste "Les acteurs que je voudrais épouser, par ordre de possibilité" (Numéro 1 : Elijah Wood, on a seulement 7 ans d'écart, tout est possible. Numéro 2 : Orlando Bloom, il est Anglais, c'est plus proche.) et que je suis allée voir le film "Troie" DEUX FOIS au cinéma, juste pour les acteurs (mon dieu, une vie entière suffira-t-elle à racheter un tel péché? TROIE quoi).


Voilà. Ça, c'est la traître sélectivité de mon cerveau. Sept ans après, j'ai déjà oublié tout ce qui me caractérisait dans les updates de ma vie d'aujourd'hui.


C'est pour ça que je suis contente d'avoir les archives de mon blog.


Parce que, au milieu de la consternation "Mon dieu mon dieu comme j'étais stupide mais j'avais des amis c'est pas possible", je retrouve des choses chouettes.


Comme cet article où je disais que j'étais contente d'être en Première L et que j'allais réussir mes études malgré tout, ils vont voir ce qu'ils vont voir. Cet article où je dis qu'un jour, j'irai vivre en Nouvelle-Zélande. Cet article où je dis que je voudrais un poisson rouge pour l'appeler Roger Waters. Ou bien cet article sur Professeur Flaxou, qui s'appelait encore juste Flavien, quand je disais qu'avec lui, je me voyais bien aller loin, loin, loin.


Et c'est pour ça que je continue à écrire.


Ce blog, c'est pas juste des petits billets d'humeur, des essais d'humour douteux, et des exercices pour ne pas perdre la main en écriture.


C'est d'abord ma promesse, depuis sept ans, qu'un jour j'écrirai quelque chose de vrai, de gros. Si je peux garder un blog en vie aussi longtemps, alors un projet, pfiou, fastoche fastoche.


Et c'est surtout un rappel de tout ce que je suis, de tout ce que j'étais, de tout ce que j'ai envie de devenir.


C'est ma manière de duper mon cerveau casse-couilles.


C'est ma machine à remonter dans le temps, c'est ma manière de me dire : "Regarde : ça, c'était toi. Tu avais des défauts horripilants que tu as corrigé, tu avais des qualités chouettes que tu as perdues. Tu avais des rêves que tu as abandonné, et d'autres que tu as réalisé. Et, tout au fond, tu avais le premier rêve, celui qui n'est jamais parti : celui d'écrire."


C'est ma preuve par sept que plus tu changes, et plus tu restes la même.


Et je le continuerais sans doute même s'il n'y avait personne pour le lire. Mais de savoir qu'il y a vous, derrière vos écrans, en train de me suivre depuis des années, et toujours prêts à dire ";-)"...


 vous pouvez pas savoir comment ça me fait plaisir.


(En fait, tout ça, c'était pour dire "désolée, j'ai pas beaucoup d'inspiration en ce moment, mais ça va revenir, parce que ça revient toujours. Restez au taquet, je vous love, je vous kiffe, je vous fais des bisous sur le bout des orteils.)


(Ce petit article culcul a été sponsorisé par Radio Nostalgie.)