mardi 26 mars 2013

L'instant Kiwi

Quand tu déménages dans un nouveau pays, chaque jour est une aventure. Et chaque jour, t'apprends des trucs nouveaux.

Malheureusement, y'a pas toujours la substance pour en faire un article de blog entier.

J'ai donc décidé de regrouper les petites différences culturelles et les nouveaux apprentissages de ma vie dans un truc que je nommerai : l'instant Kiwi.

Dont acte.


Instant Kiwi n°1: le Kiwi.


(Je fais les choses bien, tavu)




(Le meilleur chocolat du monde? Oui oui, c'est ici. Remballe ta Suisse.)

"Kiwi" étant un mot qui désigne 3 choses différentes ici, on utilise des termes un peu différents de chez nous. Kiwi tout court sera utilisé pour désigner l'habitant de Nouvelle-Zélande, tandis que l'oiseau poilu et le fruit tout aussi poilu seront désignés par les termes respectifs de Kiwi Bird et Kiwi Fruit (cf. la tablette de chocolat ci-dessus).

(Est-ce que le Kiwi tout court est aussi poilu que ses homonymes aviaires et fruitiers? Le mystère reste entier.)

On dira donc par exemple : "I was eating a kiwi fruit salad when I saw a kiwi bird passing in front of me. I called my Kiwi friend to tell him the news."




(Ça va, tu t'en sors?)

Et si on oublie de préciser de quel type de kiwi on cause (du genre "Yesterday I ate a kiwi" ou bien "I saw some kiwis at the zoo"), les gens se vexent. Genre ils savent pas de quel type de kiwi tu parles. C'est vrai que c'est trop compliqué de faire la part des choses. (Quel type de kiwi as-tu bien pu manger? Oh dis donc, le suspense m'étreint).

(Quelles chochottes ces mecs. Nous en France on a le même mot pour le temps qui passe et le temps qu'il fait, on doit expliquer continuellement duquel on parle, et tu nous vois pas nous plaindre.)



Instant Kiwi n°2 : Le Prénom.

Il faudra qu'on m'explique par quelle distorsion de l'espace spatio-temporel est-ce que le prénom Richard est devenu un parangon de génialitude dans l'esprit des Kiwis. Sérieusement, en Nouvelle-Zélande, un homme sur deux (toutes générations confondues) s'appelle Richard.

Mon coloc s'appelle Richard. Mon patron s'appelle Richard. Le facteur de ma boîte s'appelle Richard. Le chauffeur du bus 550 s'appelle Richard. Le présentateur de la météo sur TV One s'appelle Richard. Le mec qui a emballé mes courses l'autre jour au Pak'n'Save s'appelait Richard!



Il semblerait que la seule chose qui puisse aider un enfant à s'échapper du gouffre des Richard, Matt, James et autres Jack soit d'être d’ascendance Maorie. Auquel cas il a environ 50% de chances de se faire attribuer un nom traditionnel (Matai, Manawa, ou encore Temuera, par exemple) (C'est une langue polynésienne, y'a plus ou moins que des voyelles).

Sinon, il a 50% de chances de s'appeler Richard.



Instant Kiwi n°3 : Vis ma vie de Hobbit.

Depuis que j'habite ici, je vois des gens pieds nus PARTOUT.

Et c'est pas des clochards ni des étudiants en art, hein! (Pléonasme).

Non, c'est des gens normaux comme toi et moi, mais juste, ils se baladent pieds nus.

J'ai vu des gens pieds nus dans le parc (normal), j'en ai vu dans la rue (normal), j'en ai vu au centre commercial (ah bon?), j'en ai vu au supermarché (hein?), j'en ai même vu plein dans le BUS.




(Mais à la plage, ils mettent des tongs! NORMAL!!)
Et, alors que je racontais mon expérience des gens pieds nus dans le bus à mes colocs, en mode full Française ("Iiiih mais dans le bus! mais les gens VOMISSENT dans le bus, et les gens crachent par terre dans le bus, mais c'est dégueulasse oh c'est dégueulasse aaah et après ils vont choper des verrues aaah je vais vomir"), mon coloc Richard m'a quand même sorti que lui, des fois, il allait au BOULOT pieds nus.

- Ouais, quand c'est l'été et qu'il fait chaud, c'est agréable. 
- Mais mais mais... et ton patron, il dit rien?
- Pourquoi il dirait quelque chose?
- ....
- Ah, je vois ce que tu veux dire! Nan mais y a pas de dress code à mon boulot, hein.

AH BEN OUI C'EST SUR.

(Donc, ici, "pas de dress code" veut vraiment dire "freestyle du slip", apparemment.)

Quant à moi, j'ai malheureusement un code vestimentaire en vigueur au boulot (tous les jours je dois mettre des collants, laisse-moi mourir), du coup, je n'aurai pas le bonheur de tester la vie pieds nus au travail.

MAIS la semaine dernière, je suis allée au centre commercial pieds nus, et ça s'est presque bien passé, hein!

A part l'impression persistante que j'étais en train de faire un cauchemar (puisque le tiers de mes cauchemars consiste à rêver d'un rendez-vous extrêmement important où je me pointe sans chaussures) (l'autre tiers je tombe d'une tour, l'autre tiers c'est des zombies), et la paranoïa tenace que tout le monde regardait mes pieds et me jugeait parce qu'ils pensaient que j'étais pauvre ou sale ou étudiante en art.




(Illustration des gens du centre commercial tels qu'ils apparaissaient à mes yeux.)

Je pense que je vais mettre un peu de temps à m'habituer.

mercredi 20 mars 2013

Ma vie palpitante sur des plaques tectoniques


(Je vais brûler en Enfer.)


Je sors de mon hibernation internetienne (eh, c'est l'automne ici, hein) (il fait plus que 20 degrés, la sère-mi) pour te conter l’histoire de comment j'ai failli mourir.

Comme tu sais, j'ai déménagé aux Antipodes (mais finalement ça sert à rien, ma mère m'appelle quand même deux fois par semaine pour voir si j'aurais pas oublié de manger des légumes). En Nouvelle-Zélande. Ce qui est un peu le Graal pour les fans de Tolkien, mais un peu débile pour tous les autres gens.

Pourquoi débile? Parce que demande-toi une fois comment deux grandes îles ont bien pu surgir au beau milieu de l'océan Pacifique, à trois mille kilomètres du continent le plus proche?

Et là, si t'étais pas au fond de la classe en train de jouer avec le bec Bunsen en cours de sciences nat', tu me répondras : "Par le mouvement des plaques tectoniques, madame!"

(C'est bien, mais la prochaine fois, tu lèves la main s'il te plaît.)

Donc la Nouvelle-Zélande est un pays entièrement situé au-dessus de deux plaques tectoniques qui décident que des fois elles s'emboîtent, des fois elles reculent, des fois elles font tourner les serviettes parce que c'est la fête dans le manteau terrestre.

Concrètement, ça veut dire que je suis constamment encerclée de volcans actifs ou endormis. 

(A Auckland, ils sont majoritairement endormis, mais en fait ça veut rien dire, vu qu'on dit "Oh il est endormi, il a pas pété depuis mille ans", sauf que bon mille ans c'est un peu comme un clignement d'yeux en années volcan, alors merci bien, faut pas m'appeler Jambon.)

(J'ai regardé le Pic de Dante pour m'entraîner en cas d'éruption spontanée. C'est cool, maintenant je sais qu'une Toyota peut rouler dans la lave sans encombres.) 



(Ils sont forts, ces Japonais.)

Ça veut aussi dire qu'on est dans une forte zone d'activité sismique, comme en témoignent les tremblements de terre de Christchurch de 2011 qui ont détruit la quasi-totalité du centre ville et profondément traumatisé la nation, qui n'est pas vraiment habituée aux catastrophes naturelles, malgré l'histoire des plaques tectoniques qui font tourner les serviettes.

Et figure-toi que dimanche dernier, alors que j'étais tranquillou dans ma cuisine, en train de faire de la pâtisserie en regardant Modern Family, j'ai été victime d'un tremblement de terre.

Ouais, ouais.

Bon, ça fait badass et tout, mais en vrai, ce qui s'est passé, c'était pas super glamour :

En fait j'ai senti le sol trembler un peu comme quand t'es sur le quai de la gare et qu'il y a un train de marchandises qui passe sans s'arrêter. La maison a été un peu secouée, ça a duré 5 secondes, et puis c'était fini. Fla est arrivé dans la cuisine et m'a dit :

- Eh j'ai pas rêvé, c'était un tremblement de terre?

J'ai fait :

- Boh t'es parano.

Et je suis retournée à ma série. 

(J'avais même pas ralenti le battage de mes blancs d'oeufs.) 

Sauf qu'en fait Flaxou le parano avait raison, comme je l'ai découvert le lendemain en lisant le journal.

J'ai donc pu me rendre compte qu'on avait en réalité subi non pas un, mais DEUX tremblements de terre (le premier étant tellement ridiculement petit qu'on l'a même pas senti alors qu'on était genre à 10 km de l'épicentre).

L'article du NZ Herald regorgeait d'ailleurs de témoignages tous plus LOL les uns que les autres, parce qu'ils avaient décidé de traiter l'histoire du tremblement de terre de manière un peu "film catastrophe" sauf que bon, c'était magnitude 3.9, ce qui équivaut à "petite flipette" sur l'échelle de Richter :



On a donc eu droit à des témoignages de gens qui disaient au journal : 

"Mon bureau s'est mis à trembler et les étagères faisaient du bruit, je n'ai jamais vu ça de toute ma vie, c'était assez effrayant" (aucun second degré).

On a eu toutes sortes de comparaisons toutes plus terrifiantes les unes que les autres ("c'était comme une bourrasque de vent", "c'était comme un camion qui passait sur la route", "c'était comme quand mon voisin écoute AC/DC", ou encore "j'ai cru que c'était le sèche-linge").

Mais le mieux, c'est encore le récit palpitant du mec qui se trouvait à l'épicentre, sur l'île de Motutapu, et qui nous raconte, encore visiblement fébrile :

- On aurait dit que quelqu'un avait claqué la porte d'entrée très fort. Je suis allé réprimander le coupable, mais il n'y avait personne.

(J'en tremble encore.)

Tout ça pour dire : j'ai vécu mon premier tremblement de terre. 

Mais ça va, je pense que je m'en remettrai. 


vendredi 8 mars 2013

brève nécrologique

Je parlais à Sarah sur Skype et elle m'a dit "Fais un article sinon tes lecteurs vont croire que t'es morte".

Alors je tenais juste à préciser, pour ceux qui s'inquiètent :

OUI, il y a effectivement des requins blancs mangeurs d'homme qui rôdent sur la plage à 10 kilomètres de chez moi. NON, je ne fais pas partie des victimes. (Je vais pas dans l'eau au-dessus du menton.)

Nan mais c'est pas des conneries, y'a vraiment des requins blancs mangeurs d'homme à côté de chez moi. La plage où je me suis baignée sans peur et sans reproche (mais pas au-dessus du menton parce qu'il faut pas déconner non plus), parce qu'on est en Nouvelle-Zélande le pays des gentils, et que je pensais que tous les animaux horribles de la terre étaient en Australie, donc on était bons.

(Oui, l'un d'entre eux est bien un ver de terre.)

Laisse-moi te dire : heureusement que l'automne approche, parce que moi, je mets plus un pied dans l'eau. C'est bon, cette année j'ai vaincu les araignées, on attendra un peu pour les autres phobies.

(Et Professeur Flaxou qui voulait aller faire de la plongée, fais-moi rigoler.)

(Il peut se carrer sa bouteille d'oxygène au cul, parce qu'elle ira pas ailleurs.)

Bref, tout ça pour dire que si j'écris pas d'articles en ce moment, c'est juste parce que j'ai pas d'inspiration. C'est pas parce que je suis morte ou en dépression. 

Encore que faire le ménage dans son disque dur et retomber sur des photos de moi il y a 6 ans et 10 kilos, ça n'aide pas vraiment pour le moral.


- Regarde cette photo!
- Ben ouais, c'est toi quoi.
- Nan mais regarde! Regarde comme j'étais JEUNE! Regarde comme j'étais MINCE! Regarde comme la vie est une sale PUTE!

Je vois ma tête tous les jours, du coup je la vois pas bouger. Moi dans ma tête j'étais immortelle et invieillissable, telle Benjamin Button ou Laurent Romejko.

En fait il s'avère que non. (Je suis très déçue.) 

(Franchement, les photos de Professeur Flaxou et moi à Prague, on dirait qu'on est en colo tellement on a l'air de gamins.)


(Et maintenant que j'y pense, j'avais effectivement dû emmener mon Autorisation de Sortie du Territoire pour ces vacances.)

(Ah, ça nous rajeunit pas ma petite dame.)

Mais sinon ça va bien, Imhotep (oui, ma langue, elle, n'a pas quitté l'adolescence, elle parle encore comme en 2003). Je bosse, je me balade, je me refais Pokémon Rouge, je joue à Mario Kart avec mes collègues les vendredis soirs, je fais de l'escalade avec Professeur Flaxou les week-ends de pluie.

J'ai plein de temps pour écrire des articles, mais ça veut pas.

Alors va falloir être patient et attendre un peu que mon inspiration veuille bien se remettre en marche.

Pour te faire patienter, je te mets un GIF de chaton :


A plus dans le bus!

(Si jamais t'es dans la région d'Auckland, on peut peut-être se voir vraiment dans le bus, moi je le prends tous les jours.) 

(Ce serait cool.)