dimanche 25 août 2013

Brève littéraire


Et sinon en ce moment je lis un polar et ça m’énerve. 

A la base ça m’énervait pas (parce que sinon je l’aurais pas lu, merci bien, je suis pas une masochiste) (de temps en temps je dis pas non à une petite fessée de Professeur Flaxou, mais enfin là n’est pas la question).


Non, à la base je lis pas de polars parce que j’aime pas trop les histoires criminelles. Je trouve que c’est toujours la même chose et ça m’intéresse pas.


Seulement, l’été dernier, ma mère est partie en vacances avec « The Ice Princess », une histoire de meurtre écrite par Camilla Lackberg, la nouvelle égérie du polar suédois. Elle est rentrée en me disant :


- Oh mon Dieu Charlotte ce livre est tellement génial il faut absolument que tu le lises ! Il est tellement captivant que je suis pas sortie de la chambre d’hôtel pendant 5 jours ! Il changera ta vie entière !

(Oui, ma mère a tendance à s’emporter un peu quand un livre la passionne. Je me demande si c’est un truc récurrent dans la famille.)

Du coup j’ai pas vraiment fait attention, puisque ma mère me dit tous les cinq jours qu’il faut que je lise un livre qui va changer le cours de ma vie entière, et la plupart du temps c’est juste du pseudo-existentialisme pour quinquagénaires s’ouvrant à la spiritualité et ça me donne juste envie, au mieux de dormir, au pire de crier « Mais Paulo Coelho, trouve-toi un boulot utile ! Va peindre des maisons ou nettoyer des vitres et arrête d’emmerder le monde avec Dieu et les mystères de l’univers ! » (T’as déjà vu les trucs sur lesquels il s’interroge ? Ce mec a clairement trop de temps libre.)

Mais ensuite,
comme ma sœur était enceinte jusqu’aux yeux et qu’elle pouvait plus marcher sans basculer en avant, elle avait plein de temps libre pour bouquiner. Donc elle a demandé à ma mère de lui conseiller un bouquin, et ma mère lui a prêté « The Ice Princess » (c’était la version française en vrai, mais je me souviens plus du titre).

Et ma sœur a adoré aussi, et m’a dit qu’il était génial et impossible à lâcher et tout le toutim.


Bon, moi à l’époque je venais d’attaquer Les Piliers de la Terre, donc j’avais du pain sur la planche tu t’en doutes. Mais une fois arrivée en Nouvelle-Zélande, je suis allée acheter « The Ice Princess » pour voir enfin ce que c’était que tout ce pataquès.


Et bon, c’est pas un bouquin qui a changé ma vie, pour être honnête il rentrerait même pas dans mon Top 50, mais il était bien. Divertissant, vraiment prenant, et j’étais agréablement surprise en voyant que ce n’était pas un polar conventionnel, mais plutôt une histoire banale de personnages banals (banaux?) tournant autour d’un meurtre.


Et surtout, j’ai adoré le fait qu’on voyait clairement que c’était une femme qui avait écrit ce bouquin, et ce sans tomber dans des clichés de chick-lit. Parce que lire un passage du livre ou le personnage principal se balade en hiver à Stockholm et qu’avant de s’asseoir sur un banc, elle pose d’abord ses moufles dessus parce qu’elle a peur de choper une cystite, c’est franchement une tranche d’authenticité qui m’est allée droit au cœur.


Parce que moi, j’aime quand les héros font pipi.


J’aime quand les personnages ont l’air humain. Qu’ils ont des jours où leurs cheveux sont moches. Qu’ils se sentent gros. Qu’ils repêchent leurs fringues dans le panier de sale parce qu’ils ont pas eu le temps de faire leur lessive. Ça me parle.


Donc j’ai apprécié « The Ice Princess », mais ensuite, j’ai été dupée.


Parce que Camilla Lackberg a écrit toute une série de bouquins avec les mêmes personnages. Et que moi, je les aimais bien, et je voulais voir ce qui leur arrivait dans la vie.


Donc j’ai lu le deuxième bouquin, il était pas trop mal. Puis j’ai lu le troisième, il était un peu chiant.


Et là, j’en suis au quatrième, et j’en ai marre.


(ALERTE SPOILERS)


Marre parce que le but premier d’un polar, c’est quand même le suspense, et qu’avec « The Gallows Bird », même moi, la meuf la plus facile à surprendre du monde, la meuf qui voit jamais rien venir, j’ai compris dès la page 80 que le meurtrier c’était le psy et que sa femme qui avait rejoint la police c’était sa complice et aussi qu'en fait c'était sa soeur jumelle (dégueu).


Et après ça, j’ai dû me taper
300 pages d’une enquête faite par les gens les plus neuneus du monde :

- On a une première victime ! Lillemor Persson. C’est une fille dont la mère est morte, ensuite elle a retrouvé son père suicidé il y a 8 ans, puis elle a eu une enfance tragique en étant ballottée de famille d’accueil en famille d’accueil.
(Okay.)
- On a une deuxième victime ! Jan Persson. C’est un homme qu’on a retrouvé mort il y a 8 ans, on avait conclu à un suicide, mais il s’avère que c’est peut-être un meurtre. Le seul témoin était sa petite fille, qui l’a trouvé.
(Okay, c’est le père de Lillemor.)
- Et est-ce que vous savez où est la fille ?
- Je ne sais pas, elle a été ballottée en maisons d’accueil…qui sait où elle est aujourd’hui ?
(Putain, mais t’es sérieux ? Ouvre les yeux ! Ouvre les yeux, ducon ! T’as un cerveau d’huitre ou tu le fais exprès ?)
- Non, alors là, vraiment, c’est une histoire qui ne me dit absolument rien du tout !


Et c’est comme ça tout le long du livre !

- Donc on sait que le tueur a beaucoup voyagé en Suède, et il a dû arriver ici assez récemment… tiens, Hanna, toi qui est arrivée ici assez récemment, est-ce que ton mari et toi vous n’avez pas voyagé partout en Suède avant de venir ici ?
- Oui oui.
- Et la victime connaissait le tueur. Ton mari bossait avec elle, non ?
- Si si.
- Tiens, c’est bizarre, t’as l’air pâle dès qu’on parle du tueur.
- Ah tiens.
- Et maintenant que j’y pense, tu as toujours contesté chaque avancée significative qu’on a eu sur l’enquête, et au fur et à mesure qu’on se rapproche de la fin du livre, tu a l’air de plus en plus anxieuse et fatiguée…
- Et ?
- Non rien, bon boulot. Mes amitiés à ton mari !

Sérieusement ? Mais sérieusement ??!!


(Illustration de Camilla Lackberg nous présentant son travail.)

Du coup je finis quand même le livre, parce que j’aime pas m’arrêter en plein milieu. Mais ça fait une semaine que je crie sur mon bouquin toutes les 10 pages parce que tout le monde m’énerve.

(Oui, je parle aux personnages de livres. Des fois aussi je parle à l’auteur. Par exemple, je parle beaucoup à George R.R. Martin. Même si la conversation se résume souvent à « Pourquoi, George ? Pourquoi tu détruis tout ce que j’aime ? POURQUOIIIIIIII ? »)


Et puis je l'ai fini, et devine quoi, le tueur et sa femme/sœur sont débusqués et se suicident, comment je l'avais pas vu venir du tout (en général, quand il reste que 5 pages de bouquin, tu peux être sûr que le tueur se suicide).


Et je suis donc arrivée au bout du livre en me disant "Ah enfin, maintenant je peux vraiment fermer la page sur cette saga".


Sauf que le livre a fini sur un vieux cliffhanger à la mords-moi le nœud et que maintenant j'ai envie de savoir la suite.


(Je me fais Desperatehousewiver par un bouquin, quoi.)


(Ma vie est atroce.)

jeudi 22 août 2013

Monsieur Protéine


A mon boulot, y'a un mec que j'appelle Monsieur Protéine.

Il est gentil et tout, hein, c'est pas ça.

C'est juste que ses sujets de conversation sont limités à deux choses :

1. Manger des protéines.
2. Combien de kilos il peut soulever à la gym.

C'est d'autant plus dérangeant qu'il est très sympa et globalement très intelligent (enfin, pas plus que moi quand même, mais plus que la moyenne nationale, on va dire).

Nan je déconne. Le mec il passe ses journées à faire des calculs avec des lettres dedans et des équations à inconnues multiples DE TÊTE et en sifflotant. (Alors que moi je sais même pas faire des soustractions sans ma calculette.)

Mais niveau conversation, c'est le suicide social.

Et c'est pas faut d'avoir essayé de parler d'autre chose, hein!

Imagine que j'ai dû endurer un déjeuner entier seule avec lui (parce que la collègue qui était censée venir avec nous s'est débinée), et que pendant 30 minutes j'ai désespérément essayer de trouver des sujets de conversation. Et ça a donné ça :

- T'as des projets pour ce week-end?
- Bah je vais faire de la muscu.
- Ah ouais. Moi je vais aller au cinéma voir le dernier Superman. Tu l'as vu?
- Nan je vais pas trop au cinéma, j'ai pas vraiment le temps, tu sais... avec la muscu.
(Oh putain c'est pas gagné.)
- Mh hm. Et sinon en ce moment je lis un livre super bien, toi t'aimes bien lire?
- Oui.
(Hourra!)
- Mais pas de la fiction.
- Ah, et tu lis quoi en ce moment?
- Des livres sur la muscu.



DES LIVRES SUR LA MUSCU!!!

Sérieusement???

Comment est-ce qu'on peut lire des livres sur la muscu? Qu'est-ce qu'il y a à dire sur la muscu qui prend assez de place pour remplir un livre entier? 

(C'est genre : "Etape 1 : soulevez les haltères. Etape 2 : posez les haltères. C’est fini!")

Et c'est comme ça TOUT LE TEMPS.

Des fois, il s'arrête à mon bureau pour discuter. C'est gentil, moi je veux bien. J'adore discuter avec mes collègues. Avec Annie, je parle de son mariage qui approche. Avec Cameron, j'échanges des anecdotes de culture générale (parce qu'on a tous les deux une passion pour les fun facts et qu'on a mémorisé l'intégralité des questions de Trival Pursuit (nerd alert)). Avec Jeff, je parle de l'Alsace. Avec Stan, je parle de bouquins.

Mais ce gars!

Il vient me parler juste pour me dire :

- Eh t'sais quoi je reviens de la salle de gym...
- Sans déconner.
- Devine combien de kilos j'ai porté aujourd'hui?

Et moi, comme j'ai des bonnes manières, je soupire intérieurement et, poliment, je dis :

- Je sais pas, combien?
- Quatre-vingt quinze kilos!
(Je m'en fouuuuuuus!)
- Ah c'est bien.
- Et tu sais combien je soulevais la semaine dernière?
(Mais va porter ta mèèèèère!)
- Je sais pas, combien?
- Quatre-vingt dix kilos!




(Putaiiiiin)

- Ah ouais c'est chouette dis donc. Ça fait cinq kilos de plus. Ouah.
- Bon j'te laisse, faut que j'aille dire ça aux autres.
- Ah ben ça oui, faudrait pas qu'ils ratent une histoire pareille.

(Car oui, il est comme ça avec tout le monde.)

Ajoute à ça le fait qu'il passe tout son temps au bureau à boire des gigantesques cocktails aux protéines, et qu'il essaye de convaincre tout le monde de faire des régimes sans glucides, et ça te donnera une idée de l'étendue du problème.

Un soir, il était toujours au bureau vers 18h30, et je lui demande s'il faisait des heures sup. Et il me répond :

- Ouais, je me suis fait engueuler ce matin parce que j'avais 45 minutes de retard. Du coup, je reste plus tard pour rattraper.

Et devine pourquoi il avait 45 minutes de retard?

Parce qu'il a dû s'arrêter au magasin de sport pour ACHETER DES PROTÉINES!!!

(Sérieusement mec, tu pouvais pas dire "j'ai crevé un pneu sur l'autoroute", comme tout le monde?)

Mais au final, j'aime bien Monsieur Protéine. Il m'aide à me sentir mieux dans ma peau.

Parce que quand je regarde mon ventre mollasson, ou quand j'engloutis avec délices et culpabilité un énorme burger avec supplément bacon, je me dis : ma vie pourrait être pire que ça.

C'est vrai : je pourrais passer tout mon temps libre à soulever des trucs dans la salle de sport, manger des steaks nature à chaque repas et boire des trucs à base de poudre de couille de taureau toute la sainte journée.

Je pourrais être Madame Protéine.

Et ça, ce serait vraiment tragique.

dimanche 18 août 2013

Brève tectonique


Et sinon, vendredi, j'ai vécu mon second tremblement de terre.

(Mais je vais pas faire ma chochotte maintenant, je viens de renouveler mon visa c'est pas pour du beurre quand même!)

L'expérience était quelque peu plus surréaliste que la dernière fois, parce que j'étais au bureau en plein après-midi, en train d'envoyer mes e-mails de menace traditionnels ("Ecoute-moi bien mon petit Mehmet, si je reçois pas ton certificat HACCP dans les deux jours, je t'envoie un colis au jambon"), quand soudain, j'ai eu le tournis.

Alors que j'étais assise.

C'était exactement la même sensation que quand t'es bourré et que tu t'allonges sur ton lit et que t'as l'impression que la pièce tourne et toi t'es au centre.

Sauf que j'étais assise et que j'étais pas bourrée du tout.

Et au moment ou j’étais en train de me dire "Putain ils ont mis de la vodka dans mes glaçons à la cantine ou wak?", ma collègue Oxana me regarde et me dit :

- Eh Charlotte?
- Ouais?
- T'as pas l'impression que l'immeuble est en train de bouger?

Et là, j'ai entendu simultanément mon patron et le mec de la com s'écrier :

- Ah! Merci! Je suis pas fou!

S'en est suivi deux bonnes minutes de poilade, parce qu'on était tous debout dans l'open space en train de tituber en regardant l'immeuble osciller doucement dans la brise, tel un peuplier par un après-midi de printemps.

(Ça valait bien le coup de se taper une session d'entraînement sur la réaction à avoir en cas de tremblement de terre, si c'est pour tous faire l'exact inverse de ce qui est recommandé.)

Ensuite, on a débattu un petit moment sur ce qui venait de se passer (team "micro tremblement de terre" VS team "y'a beaucoup de vent et notre immeuble est construit sur pilotis"), avant d'avoir les nouvelles de Wellington qui ont mis tout le monde d'accord :



C'était donc un tremblement de terre assez mastoc, vu qu'on l'a ressenti (même si c'était très léger et qu'on est au 11è étage) jusqu'à Auckland, soit à plus de 600 kilomètres de l'épicentre.

(Qu'on se rassure, à Wellington, il y a eu un peu de panique et des dégâts matériaux, mais aucun blessé.)

Non, le truc vraiment marrant de la journée, c'est quand même que mon patron est venu nous voir quelques minutes après le tremblement de terre et nous a dit que si on avait eu peur et qu'on se sentait pas en sécurité, on avait le droit de rentrer chez nous. 

NARMOL.

On a vécu un tremblement de terre tellement intense que ma cuillère elle a même pas bougé dans ma tasse de thé, mais on a le droit de prendre l'après-midi pour cause de traumatisme intense.

Mais qu'est-ce que c'est que ce pays?

Sincèrement, je défie les plus cyniques d'entre vous à venir passer un séjour en Nouvelle-Zélande. Vous allez vite succomber devant un tel degré de Bisounoursisme.

(Moi, en tout cas, je suis conquise.)

vendredi 16 août 2013

Brève administrative


(Nan mais Michel, on s'en fout de savoir comment s'est passée ta soirée échangiste.)

Et sinon l'autre jour j'ai eu une réunion d’évaluation au boulot.

C’était avec mon patron et le grand chef, et le but officiel, c’était d’évaluer mes performances parce que ça fait 6 mois que je bosse pour eux.

Je t'avoue que je suis arrivée dans le bureau du chef en cliquettant un peu des genoux, parce que j'avais peur que mon patron ait consulté mon activité Internet et qu'il se soit rendu compte que, des fois, je vais voir mes statistiques de blog (oui enfin c'est pas de ma faute, si vous commentiez plus souvent, ça n'arriverait pas) et aussi qu'il ait capté qu'un samedi soir j'ai appelé ma mamie pendant 10 minutes parce qu'elle était à l’hôpital en train de se faire opérer du genou (j'suis sûre que maintenant t'as trop la haine de pas avoir une mamie bionique) et que du coup il me dise :

- Salut Charlotte! Bon, premier point de la réunion : t'es virée. Allez tchao, à plus dans le bus.
- Mais...
- Nan, c'est une vanne.
- Ouf!
- Je prends pas le bus. Je suis pas au chômage, moi. Ha ha!

Mais finalement, ça s'est pas passé comme ça.

(Encore heureux. Je cultive pas des amitiés avec les informaticiens pour du beurre.)

Non, à la place, les patrons ont fait rien qu'à me dire des choses gentilles : que j’étais travailleuse (c'est vrai), que je râlais jamais quand il fallait faire des heures sup même si elles sont pas payées (c'est vrai aussi) (je veux pas faire genre la Française qui refuse de travailler plus de 35 heures. Y'a pas beaucoup d'expatries ici, donc j'ai la réputation de toute la nation sur mes épaules) et que j'avais des bonnes capacités de communication (enfin bon encore heureux, j'ai quand même passé deux ans à me farcir un Master spécialisé dans les relations internationales et la communication, c’était pas pour qu'on me dise que je suis austère et asociale).

(La semaine dernière je finissais toutes mes conversations téléphoniques par "Eid Mubarak", tu peux pas test mes facultés de communication interculturelle.)

(Depuis, tous les fournisseurs Qataris m'adorent.)

(Moi je suis contente, je suis sure que ce sera utile le jour ou je voudrai placer de l'argent dans un paradis fiscal.)

(Inch'Allah.)

Donc ça s'est bien passé.

En conclusion, il apparaît que j'ai une énergie positive (comme Pikachu?) et que j'ai toujours le sourire (Ça c'est normal, c'est parce que mes dents, c'est mon plus grand atout.) (Enfin, ça et mes nichons, mais si je montrais mes nichons au bureau, ça ferait désordre.)

Et j'ai même pas eu besoin de faire appel à mes collègues du département informatique pour qu'ils effacent mon historique. Je considère ça comme une grande victoire.

(En même temps, c'est le premier job de toute ma vie ou je ne suis pas allée sur Facebook UNE SEULE FOIS.)

(Et je bosse de nuit toute seule.)

(Franchement, ça mérite une médaille je trouve.)

Et sinon hier matin j'ai reçu un colis devant ma porte, au début je pensais que c’était les bouquins que j'avais commandés, mais en fait c’était encore mieux : c’était mon passeport avec un joli visa dedans! (Avec des petites fougères dessus et tout.)

(Valide jusqu’à décembre 2014, danse de la joie!)


Encore une fois, je suis époustouflée par la rapidité du gouvernement Néo-Zélandais : 3 semaines pour me faire faire un visa travail, c'est quand même incroyable quand on a grandi dans un pays où il faut 3 mois rien que pour faire renouveler ton passeport.

Mais j'avoue que je suis surtout contente de récupérer mon passeport parce que ça veut dire que je peux de nouveau acheter de l'alcool, puisque les Kiwis sont des paranos de la boisson et qu'apparemment j'ai l'air d'avoir 17 ans quand je me pointe au supermarché avec toutes mes courses de la semaine, mes fringues de boulot, mes clefs de voiture dans une main, et UNE bouteille de cidre.

(Bon après, c'est vrai que mes courses de la semaine consistent pour moitié en des chips et du chocolat, ça fait pas très adulte.)

(N’empêche, je me rappelle de l’époque où mes potes du lycée passaient au Monop' avec de la vodka et des caisses de 33 Export et où on leur disait rien alors qu'ils avaient de l’acné, des sacs Eastpack et des Van's à carreaux.)

(Le bon vieux pays où on peut se mettre des cuites à 15 ans sans que personne ne hausse un sourcil.)

Donc c'est la fête mes petits oisillons!

Champagne!

(Enfin, pas champagne. Vin blanc sec et râpeux, puisque c'est tout ce qu'on trouve.) 

(Des fois j'entends mes collègues de boulot boire un Chardonnay acide comme un bâton de rhubarbe et s'exclamer "oh il est bon, il est fruité!". A ce moment je me dis que les Kiwis ne connaîtront jamais le Gewurtz et j'ai envie de pleurer pour eux.)

A plus dans le bus!

(Ouais, j'ai pas été virée, mais je suis pauvre quand même.)

jeudi 15 août 2013

Brève téléphonique


Depuis trois mois, je reçois un SMS tous les matins à huit heures.

Il est moitié encrypté et moitié en smiley (je crois que mon Nokia antique a du mal à recevoir des alertes faites pour des smartphones) (mais il a un clapet, c'était super cool dans Matrix les téléphones à clapet!), et il me parle du nombre de centimètres de neige, du temps qu'il fait, et de est-ce que le passage du col est ouvert.

Alors tu t'imagines bien que moi, à Auckland (ville sans cols (mais on a un pont!) et où la température l'hiver ne descend jamais en-dessous de 10 degrés), j'étais quelque peu perplexe.

Au début, j'ai même pensé : "Oh bordel, les autorités m'ont retrouvée, ils savent que je viens de Kabé (Kaysersberg pour les non-intimes) (oui, en Alsace, on a des noms tellement longs que chaque village a son petit diminutif. Et puis comme ça, les gens de l'intérieur galèrent encore plus, ha ha!) et du coup ils m'envoient les infos du Col du Bonhomme." 

(Des fois que j'aurais envie de faire un tour à Gérardmer en partant d'Auckland, c'est vrai après tout tu sais jamais.)

Et puis j'ai réalisé qu'en France c'était l'été (je vous hais) et que du coup y'avait probablement pas de neige au Col du Bonhomme, et que donc ces textos provenaient d'un endroit de l'hémisphère Sud (l'étau se resserre).

Et puis j'ai réalisé qu'en fait j'en avais rien à foutre de tout ça et que je voulais juste qu'on arrête de m'envoyer des textos.

Donc, au bout de deux mois à me faire réveiller le matin (oui je suis longue à la détente) j'ai attendu que mon SMS quotidien arrive, et je lui ai répondu très gentiment :

"Hello, please stop sending me these texts, I never asked for them and you're waking me up every morning, it's not because I'm a flemmarde hein it's because I bosse de nuit et donc in the morning I roupille. So please stop, ci-mer."

Ce à quoi on m'a très gentiment répondu :

"Hello, sorry we don't understand your text."

Comment je me suis sentie insultée.

"If you wish to cancel your free text alarm, please go to your personal space on Vodafone.co.nz"

(Eh ouais, j'avais même pas pensé à faire un tour sur mon espace personnel.)

(Longue à la détente, j'te dis.)

Du coup j'y suis allée avec mes coordonnées, et on m'a dit "Welcome Flavien" et c'est là que j'ai réalisé que le mec de Vodafone qui nous a donné nos cartes a puce avait mélangé nos fiches parce que j'ai l'abonnement de Flaxou et vice versa, donc j'ai dû attendre qu'il rentre du travail pour choper ses identifiants, et.....

Y'avait rien.

Du coup, en désespoir de cause, j'ai décidé de répondre à chaque message en disant : "STOP".

Et au bout du troisième jour (à ce stade je textais "STAAAAAAHP"), je reçois un SMS qui me dit :

"Your free text alarm "Weather Mt Hutt" has been successfully cancelled"

VICTOIRE!


Maintenant, le mystère reste : qui donc m'a abonnée à une alarme quotidienne pour me dire le temps qu'il fait au Mount Hutt, sur l'Ile du Sud, un endroit que j'ai visité en tout et pour tout deux jours et uniquement parce qu'ils avaient tourné le Seigneur des Anneaux là-bas?


(Non mais en vrai, même si t'aimes pas le Seigneur des Anneaux, vas-y quand même, c'est magnifique.)

Donc le mystère reste entier.

Mais je peux dormir le matin, alors je m'en fous.

lundi 5 août 2013

Ah mon Dieu que c'est embêtant d'être pas bien portant


Et donc je suis tombée malade.

Je me doutais que ça arriverait tôt ou tard après que Flaxou ait chopé la crève et même que j'avais fait bien attention à pas lui faire de bisous, et ensuite sans faire gaffe j'ai utilisé sa cuillère pour manger mon yaourt (ben bravo ça valait bien le coup tiens).

Donc je suis allée bosser jeudi avec le nez qui coulait, et mes collègues ont été super prévenants avec moi :

- Mais tu te sens bien? Tu penses que ça va empirer? Tu veux aller t'allonger?
- Nan parce que, si ça empire, on va devoir bosser à ta place.
- Ouais, donc prends des gouttes.
- Et des pilules.
- Et du sirop.

(J'aime cet esprit d'équipe.)

Donc j'ai passé la nuit du jeudi au vendredi à me tourner dans mon lit et à me réveiller en sursaut et à moitié asphyxiée, parce que mon nez était bouché, et qu'apparemment mon corps est un peu un gole-mon et n'a pas compris que je pouvais respirer par la bouche (je suis l'inverse de Kristen Stewart), du coup il me réveillait à chaque fois en mode "alerte alerte tu vas mourir", c'était charmant.

Vendredi matin, je me suis pointée au boulot avec un paquet de mouchoirs XXL, et j'ai passé la matinée à renifler devant mon écran pendant que tous mes collègues m'évitaient et qu'Annie, la comptable qui bosse à côté de moi, sursautait à chaque fois que je me mouchais.

(Oui, alors je tiens à dire que j'ai toujours envié les filles qui se mouchent de manière mignonne et délicate, mais qu'avec moi, ça marche pas. J'ai essayé de faire le truc de souffler gracieusement une narine puis l'autre dans un petit bruit de "fiut" "fiut". Mais ça marche pas. Moi, quand je me mouche, on dirait le cri d'un éléphant qui a perdu sa maman. Ça s'entend à cinq kilomètres comme une putain de corne de brume. De ma fenêtre, je voyais les bateaux s'égarer dans le port alors qu'ils se mettaient à ma recherche.)

Ce qui me fait quand même rigoler, c'est qu'en Nouvelle-Zélande ils vont peut-être jamais chez le médecin, mais c'est quand même des sacrées chochottes. Parce qu'au moindre rhume, hop, c'est congé maladie! Les gens ils ont pas de scrupules, ils ont un peu mal à la tête et la gorge qui gratte, eh ben ils s'en foutent, ils restent chez eux! (Et le pire c'est que dans certaines boîtes, c'est carrément tes patrons qui te renvoient chez toi parce qu'ils ont la trouille d'attraper ta crève.)

(C'est sûr qu'en France, le pays des bisous, on s'en fout d'attraper la crève de ses collègues. Quoi qu'il arrive, on sait qu'on est déjà foutu.)

Mais moi j'ai pas cette mentalité, ma petite madame! Je peux pas rentrer chez moi et me mettre au lit pour juste un rhume! J'ai une culture germanique, bon sang de bonsoir! 

Tant qu'il n'y a pas de fièvre, pus, gangrène ou hémorragie généralisée, je reste au boulot, nom d'un petit bonhomme! C'est pas un nez qui coule qui va me mettre la misère!

(Bon d'accord, j'ai aussi vomi mon thé au citron dans les toilettes des dames, mais ça allait vachement mieux après, donc j'allais pas rentrer chez moi quand ça allait mieux, ça n'a pas de sens!)

(En plus je crois que ça avait rien à voir avec le rhume, parce qu'ensuite j'ai vu qu'il y avait du moisi sur les citrons parce que ça faisait longtemps qu'ils étaient dans la cuisine mais il était 6 heures du matin et j'avais la tête dans le cul, et comme j'avais le nez bouché je pouvais pas sentir le goût du moisi et donc j'en ai bu deux tasses. Voilà voilà.)

(Le corps humain est quand même vachement bien fait. Tu peux manger des choses pourries comme un gros te-bé, mais ton corps t'empêche quand même de mourir en t'empoisonnant tout seul. C'est intelligent comme système.)

(Je pense vraiment que si l'être humain était basé sur le modèle créationniste, je serais déjà morte depuis très, très longtemps.)

Du coup je bossais quand même, mais c'était pas la joie, parce que je passais mon temps à me moucher et que je devais appeler des Chinois qui parlaient déjà très mal anglais, alors je te raconte même pas la galère :

- Hello, by dame is Jarlotte. Gould I blease sbeak to your food and beberage badadger?
- Sorry, I no understand. You want to do a reservation?
- Do, do! I vant do sbeak to your food and beberage badadger!
- Sorry, who?
- De badadger! De person who badadges! De direcdor!
- Sorry, goodbye!
- Do, do! Raggroche pas, gonasse! Budain.

Du coup, à ma pause déjeuner, je suis allée à la pharmacie pour m'acheter un spray pour le nez et de la pommade (vu que j'avais le nez tout irrité à force de me moucher et que ça me donnait l'air d'une poivrote).

Déjà, j'ai bien rigolé au moment où je me suis rendue compte que je ne savais pas dire "pommade" en anglais et que j'ai dû expliquer ce que je cherchais à une employée un peu déconcertée :

- C'est comme une crème, mais en gras. C'est pour mettre sur mon nez.
- Une crème pour les points noirs?
- Non, c'est pour soigner mon nez, parce que j'ai un rhume et ça me fait mal.
- Ah, vous cherchez un spray pour le nez?
- Non! Enfin oui aussi, mais une chose à la fois Micheline, si tu veux bien.

(En plus ils ont même pas d'Homéoplasmine en Nouvelle-Zélande. C'est la première fois de ma vie que j'achète une pommade qui n'est pas de l'Homéoplasmine.)

(C'est très perturbant.)

(Mais elle est à la papaye, alors ça sent bon!)

Et puis j'ai trouvé un spray pour le nez, je suis allée à la caisse, et là :

- Ça fera quarante-cinq dollars, s'il vous plaît.

Est-ce que j'ai malencontreusement acheté la pommade plaquée or, ou bien?

Oui, car je ne le savais pas encore, mais ici, les médicaments coûtent CHER.

(En France, on a beau se plaindre des médicaments qui ne sont plus remboursés par la Sécu, je t'assure qu'on est vraiment pas les plus mal lotis. Parce que trente dollars pour un spray nasal, ça fait mal au trou de balle.)

(En décembre, je vais rentrer en Nouvelle-Zélande les valises chargées de Guronsan et de Doliprane, telle une mule qui prendrait très peu de risques.)

Après ça, je suis rentrée au bureau et je me suis préparée une soupe en poudre en grommelant "putain il a intérêt à marcher ce spray de mon cul, c'est moi qui te le dis", et je me suis installée pour lire la notice.

Oui, j'ai grandi avec une mère qui refusait farouchement toute forme de médecine occidentale (ça allait de l’aspirine aux vaccins) (je les ai tous fait faire après mes 18 ans, heureusement que la polio n'est pas très courante en Europe parce que je l'aurais chopée comme un rien dis donc). Ça a eu pour conséquences que je prends très rarement des médicaments, et, quand c'est le cas, je lis la notice en entier, juste pour être bien préparée.

(Par contre, quand j'ai acheté une armoire chez Ikea, j'ai jeté la notice avec le carton parce que "ça va je suis pas une débile", ce qui a eu pour effet direct de me pourrir un week-end entier et de me faire pleurer de désespoir au milieu de petits tas de sciure. Paye ta logique.)

Mais là, c'était la notice de spray nasal la plus flippante que j'aie jamais lue.

Déjà, on me dit que je ne peux pas prendre ce médicament si je suis allergique à la xylometazoline ou à l'ipratropium. Comment je sais si je suis pas allergique à ces trucs, étant donnée que je suis à peu près sûre à 95% que ce sont des noms de Pokémon?

Ensuite, bonjour la liste des effets secondaires indésirables : autant je peux comprendre la logique des saignements de nez, de la gorge sèche, des yeux qui démangent ou du mal de tête, mais j'avoue que je vois pas bien le rapport entre un spray nasal et une "arythmie cardiaque", des "difficultés à uriner", un "gonflement généralisé du visage" (ouaaaaais), ou encore un "glaucome" (sérieux? un spray pour le nez qui rend aveugle? mais vous mettez quoi dans ce machin, du radium?).

Enfin, l'essentiel, c'est que ça ait bien marché, puisque je me sentais déjà vachement mieux le lendemain (béni soit mon métabolisme supraluminique). 

Mais là, je t'avouerais que j'ai tout de même hâte d'être en été.

(Aussi et surtout parce que j'ai prévu de faire des séances de bronzage intensives jute avant Noël, histoire de mettre la misère à tout le monde quand je vais débarquer en Alsace au milieu des teints pâles et maladifs.)

(Appelle-moi Machiavel.)