mercredi 23 octobre 2013

Brève maritale

Quand je me suis mariée, je pensais que ça allait pas changer grand-chose à ma vie.

Et j’avais raison. La plupart du temps.

Parce que, quelquefois, j’ai des petites bouffées de lucidité qui me montrent que, j’ai beau aimer Professeur Flaxou comme une collégienne (je graverais bien son nom au compas sur ma boite de crayons de couleur – preuve ultime de l’amour pour toujours – si ça faisait pas 15 ans que j’ai plus touché à un compas ou des crayons de couleur), au fond, on est quand même un putain de vieux couple.

C’est ce que je me suis dit il y a deux semaines, quand on était à une soirée avec 18 personnes, et que, d’un coup, j’ai senti une odeur de pet (amis du bon goût, bonjour) et je me suis dit « Han Flaxou, t’aurais pu te retenir, espèce de mou du sphincter ».

Et là.

Je me suis rendu compte que j’avais identifié le pet de Professeur Flaxou à l’odeur.

Et, il faut l’avouer, il y a quelque chose d’à la fois triste et satisfaisant de se dire qu’on est arrivé au point dans une relation où on connaît même les secrétions corporelle de l’autre personne de manière intime.

(En même temps, pour ma défense, Professeur Flaxou pète vraiment beaucoup.)

Mais je suis quand même contente de notre statut de vieux couple.

Déjà parce que Professeur Flaxou me trouve toujours jolie alors que mon corps se rapproche de plus en plus dangereusement d’une statuette de déesse de la fertilité du Paléolithique supérieur.




(Han, mais si j’avais vécu a cette époque, comment ils m’auraient trop vénérée !)

(Bon, en fait, si j’avais vraiment vécu au Paléolithique supérieur, j’aurais été beaucoup plus mince, et de toute façon je serais probablement déjà morte d’une infection contractée en donnant naissance à mon cinquième enfant. Donc bon. Bref c’était pas la question.)

Et parce qu’on a beau être un vieux couple et avoir perdu un peu de la magie des premiers jours (où « Tu es si sexy, je te veux ici et maintenant » s’est transformé en « Hé mon épisode est en cours de téléchargement, ça te dit un petit coup vite fait ? »), quelquefois, la magie opère quand même :

- Franchement, Maggie de "Walking Dead", c'est la plus belle de toutes les actrices de séries.
- Ah non je suis pas d’accord. Moi je trouve que c’est Kaylee de "Firefly".
- Ah bon ?
- Oui. Parce qu’elle te ressemble un peu.

Quelquefois, Professeur Flaxou sait vraiment parler aux femmes.

- Je pensais mettre cette robe au boulot demain. Tu penses que c'est assez bien pour le dress code?
Ça dépend. Si ton dress code, c'est "moche", alors oui.

Quelquefois, c'est un peu moins bon.

Mais en règle générale, il s'en sort pas trop mal.

- Tu trouves que ce jean me fait un gros cul?
- Ben, oui. Mais pas plus qu'un autre. Enfin il te fait ton cul, quoi...donc gros.
- ....
- Mais c'est pas ce que je voulais dire! En fait, je voulais dire que t'as un JOLI gros cul!
- ....
- T'as l'air énervée. Tu veux du chocolat? 
- Ouais.

(Et après, on s'étonne.)

dimanche 20 octobre 2013

L'instant Kiwi!

Instant Kiwi n°12 : Police Nationale bonjour, vous avez vos papiers?



La raison pour laquelle j'ai mis si longtemps (plus de 8 mois) à évoquer la police en Nouvelle-Zélande, elle est très simple : jusqu'à il y a quelques jours, je n'avais jamais rencontré un policier.

Difficile à imaginer quand on est Français, je l'avoue. Et pourtant, en Nouvelle-Zélande, le policier se fait rare.

Quand on le croise, c'est en voiture ou en moto avec un radar à la main, et c'est à peu près tout.

(Bon, si, la police vient aussi chez toi si on l'appelle, hein, faut pas déconner.)

Car non, en Nouvelle-Zélande, les patrouilles de police n'existent pas.

On ne peut donc pas demander son chemin à un policier dans la rue quand on est perdu, ce qui pue du cul, parce que ça veut dire qu'on doit demander à des inconnus et tu sais pas c'est peut-être des violeurs.

(Mes parents m'ont appris qu'il fallait toujours demander son chemin à des policiers, parce que j'ai été élevée dans une famille de bobos et que même si ma mère a tendance à dire "bouh police fasciste" dès qu'elle va dans une manif d'écolos, elle est quand même pas la dernière quand il s'agit d'aller porter plainte dès qu'on lui choure une paire de baskets - qu'elle avait laissé dehors dans le jardin, mais enfin c'est un monde Monsieur l'agent si on peut même plus laisser ses affaires dehors la nuit sans qu'on se les fasse voler, et quoi vous allez même pas mener l'enquête, ah ben bravo où va l'argent de mes impôts elle est belle la France)

Donc, en Nouvelle-Zélande, c'est pas qu'il n'y a pas de policiers, c'est surtout qu'on les voit très peu. Déjà parce que, contrairement à d'autres pays comme la France ou l'Italie, le corps de gendarmes n'existe pas, du coup ça fait beaucoup moins d'effectifs présents pour assurer des trucs comme le contrôle de la circulation, ou toute tâche de maintien de la sécurité en zone rurale (typiquement un job de gendarme en France).

(Donc le coup de rester dans la camionnette pendant des heures sur l'autoroute du Sud avec le radar mobile, c'est les flics qui s'y collent.)

Et puis faut pas oublier que la Nouvelle-Zélande est un tout petit pays, donc on n'a pas besoin d'une force de police aussi conséquente qu'en France. (Même si la différence est plutôt minime : 1 flic pour 390 personnes en Nouvelle-Zélande, contre 1 pour 270 personnes en France - en comptant les gendarmes.)

Ce qui diffère surtout, c'est l'usage qu'on fait des policiers en Nouvelle-Zélande.

Car oui, le policier Kiwi, comme la majorité de ses compatriotes, est un gros nounours.

Déjà, il est pas armé, ça met un peu plus en confiance (ou un peu moins, selon le côté de la loi duquel tu te trouves). Enfin, pas armé, c'est vite dit : les flics Kiwis ont quand même le droit à des espèces de matraques (qui ont l'air de faire bien mal si tu veux mon avis), des tasers, et des sprays au poivre.

Par contre, les seuls qui ont le droit de porter des armes à feu, ce sont les membres des unités spéciales d'intervention et les flics de la brigade criminelle, MAIS ces derniers n'ont pas le droit de porter le flingue sur eux : il doit être sagement rangé dans une boîte qui reste dans le coffre de la voiture de police.

(Donc, si tu veux te procurer un flingue en Nouvelle-Zélande, tu sais ce qu'il te reste a faire : braque la voiture d'un flic.)

Mais bon, on va pas se leurrer : être un policier en Nouvelle-Zélande, c'est globalement pas la course à l’adrénaline.

En témoignent les images de recrutement qu'on trouve aux arrêts de bus ou taguées sur des murs (oui, en Nouvelle-Zélande, c'est la police qui tague les murs - c'te blague) et qui nous montrent des policiers en action :




(Ici, on prie avec des gens chelou.)




(Ici, on se fait des câlins.)

Globalement, tu l'auras compris, la police recrute des gens qui veulent aider leur prochain, pas casser du jeune.

(Contrairement aux émissions Américaines que j'ai vues sur Youtube et qui te disent dans l'ensemble : "Hé salut, t'es un dangereux psychopathe et tu veux buter des gens légalement? Rejoins la police, on a des gros fusils c'est trop cool, youhou c'est la fête viens on va péter sa gueule aux racailles communistes!")

Mais le meilleur exemple de la bisounoursitude des policiers Kiwis, c'est encore l'histoire vécue par Professeur Flaxou l'autre jour :

Donc Professeur Flaxou était avec son collègue dans la camionnette du boulot, et le collègue roulait un poil trop vite. Résultat, ils se font flasher par un radar mobile, pif paf pouf la voiture sur le bas-côté et monsieur l'agent s'approche d'eux.

Professeur Flaxou s'attend à un :



Mais à la place, monsieur l'agent leur dit :

- Bonjour Messieurs, excusez-moi du dérangement....

(Sérieusement?)

- ...Mais vous roulez à 62 km/h dans une zone limitée à 50.

Le collègue s'excuse, monsieur l'agent lui demande :

- Est-ce que vous avez déjà reçu un avertissement des services de police pour excès de vitesse?

Le collègue répond que non, alors monsieur l'agent lui dit :

- Bon, dans ce cas, je vois que vous êtes dans un véhicule d'entreprise, donc je vais pas vous retarder plus longtemps dans votre travail.

(Mais pour de vrai?)

- Par contre, faites-moi plaisir : à l'avenir, essayez de modérer votre vitesse. Nous, on règle nos radars pour 60 km/h, donc je vous conseille de toujours rouler en-dessous de 60 dans les zones à 50, et vous aurez pas de problème. Allez, bonne journée, bisous bisous!

(Bon, j'ai rajouté la partie avec les bisous. Mais c’était pas loin.)

Je savais déjà que la Nouvelle-Zélande était un pays qui se prenait pas trop la tête avec le code de la route (cf. mes multiples arrêts cardiaques sur la Southern Motorway), mais de là à ce que même les flics te disent qu'ils s'en foutent si t’appliques pas la loi à la lettre, c'est quand même un degré de relax que j'avais jamais rencontré avant.

Et ce truc de régler les radars 10 km/h au-dessus de la vitesse légale, je suis pas sure à 100%, mais il me semble qu'on fait pas ça en France, non?

(Appel à témoins : Cyril, si tu lis ces lignes, ton savoir serait fort apprécié.)

(Aussi, si t'en as marre de te faire caillasser par des jeunes du 9-3, viens vivre ici, franchement c'est cool.)



(Tu pourras cueillir des pâquerettes avec les petits enfants au lieu de te faire taper dessus par des étudiants d'Art du Spectacle.)

samedi 5 octobre 2013

La fin des fins : Dexter VS Breaking Bad


La semaine dernière, j’étais un peu en deuil.

Pas un deuil aussi affreux que les trois semaines de déprime qui ont suivi la sortie DVD de la version longue du Retour du Roi (alias "Oh mon Dieu ça y est le Seigneur des Anneaux c'est fini à tout jamais y'aura plus jamais de films et JRR Tolkien est mort et y'aura plus jamais de livres mais que vais-je faire de ma vie plus rien n'a de sens j'ai envie de mourir").

(Quelques années plus tard ils ont commencé à parler de l'adaptation du Hobbit et c’était un peu comme une résurrection.) (Si j'avais su ce que ça allait donner, je me serais moins enthousiasmée - enfin c'est une autre histoire.)

Pas non plus du niveau du deuil que je vais devoir essuyer quand la série des bouquins "A song of Ice and Fire" sera finie (Surtout que, comme je le sens parti le George, il va nous finir la saga dans un bain de sang et adieu la vie, adieu l'amour, adieu tous les Stark).

Mais, quand même, c’était la fin des fins de deux séries que j'ai suivies avec pas mal d'enthousiasme durant ces dernières années : Dexter et Breaking Bad.

Et je trouve ça assez révélateur que les deux épisodes de fin sortent au même moment, parce qu'ils rendent une image assez fidèle de leurs séries respectives dans leur globalité.

Pour faire simple : Dexter, c’était décevant, Breaking Bad, c’était rassasiant.

(Ah oui, au fait : je vais pas insulter ton intelligence avec une grosse bannière SPOILERS, vu que c'est marqué "fin des fins" dans le titre, comme sur le Port-Salut. Donc si t'as pas vu la fin des séries et que tu lis cet article, t'as mérité tout ce qui t'arrive.)

Breaking Bad c’était rassasiant, donc, parce que le génial Vince Gilligan nous a pas pris pour des jambons et nous a signé une fin aux petits oignons, qui met les points sur les I et les barres sur les T.

Walter quitte ses superbes forêts enneigées pour retrouver les paysages arides du Nouveau-Mexique (filtre orange en foooorce!), trouve un moyen d'assurer l'avenir de ses enfants (c’était quand même le postulat de départ de toute la série), dit un dernier mot à sa femme, lui indique où est enterré Hank (et en profite pour enfin admettre qu'il n'a bâti son empire narcotique que dans le but de satisfaire son ego malade), va buter du Nazi juste pour le fun et en profite pour libérer Jessie de sa captivité, se prend une balle perdue, et meurt au milieu d'un labo clandestin sur l'air de "Baby Blue" et des sirènes de la police qui approche, un sourire aux lèvres.

Les personnages ont tous fait un chemin incroyable, mais la série finit en bouclant la boucle : Skyler et les enfants sont sains et saufs, Jessie s'en sort contre toute attente (heureusement, parce que s'il s’était fait tuer j'aurais fondu en larmes pendant trois jours en maudissant cette série jusqu’à plus soif), et Walt expire (et expie), non sans un dernier pied-de-nez aux autorités, entouré du symbole de sa grandeur et de sa décadence : la chimie.

(On a même enfin eu droit à une utilisation de cette putain de ricine qu'ils nous trimbalent depuis 3 saisons!)

Une bonne fin, donc. Pas de suspense forcé à la mords-moi le nœud, pas d'effet de fin ouverte genre "to be continued?", pas de violons sirupeux ou d'effets tire-larmes.

Une fin belle, simple, magistrale, à l'image de toute la série en fait.



(Ah mais ce plan de fin, ce plan de fin, je pourrais en faire une symphonie!)

Au vu de ce final, le constat du dernier épisode de Dexter est donc d'autant plus amer.

Les scénaristes ont quand même réussi l'exploit, après les trois saisons les plus chiantes de l'univers et dans lesquelles il ne se passait presque rien (des réflexions sur la religion, des réflexions sur l'amour, des réflexions sur les plantes vertes, nan mais on s'en fout va tuer des gens!), de faire le final le plus bâclé de l'histoire depuis la fin de Desperate Housewives (oui, je l'ai toujours en travers de la gorge).

On retrouve donc Dexter alors qu'il est en partance pour l'Argentine avec Hannah-la-connasse (ça se sent que j'aime pas cette meuf?) et Harrison-le-débile (qui a presque 6 ans mais visiblement ne sait toujours pas marcher, vu que Dexter le porte CONSTAMMENT dans ses bras à chaque plan de chaque épisode de chaque saison).

Le vol est annulé à cause de la tempête qui approche Miami, et Dexter se rend a l’hôpital pour apprendre que Debra s'est faite tirer dessus par le Brain Surgeon (qui court toujours), mais qu'elle va bien. On a même une scène exprès ou un médecin guilleret nous annonce que décidément elle a eu beaucoup de chance et que tout va aller pour le mieux, dis donc, je vois vraiment pas ce qui pourrait arriver comme retournement de situation, oh la la.



Dexter décide de laisser Hannah et Harrison partir en Argentine et de les rejoindre le jour suivant, vu qu'il a décidé de s'occuper lui-même du Brain Surgeon - alors que dans l’épisode d'avant il décidait de le laisser à la justice, puisque pif paf pouf j'suis plus psychopathe grâce au pouvoir de l'amour (SÉRIEUSEMENT?) et que donc puisqu'il n’éprouvait plus le besoin de tuer il pouvait enfin se libérer de son Dark Passenger et vivre dans la joie, l'amour et les poneys Argentins.

(Ah ben il a pas chômé le môme de Captain Planète avec sa bague de l'amour.)

Mais entre-temps, Miami Metro n'a pas chômé non plus (vu que les flics peuvent enfin faire leur boulot sans Dexter qui leur tire dans les pattes) et a attrapé le méchant.

Et puis soudain, c'est le drame qu'on avait pas vu venir du tout : Debra a un caillot de sang qui la fait devenir toute légumineuse et Dexter pique une grosse colère (puisque comme pif paf pouf il est plus psychopathe, d'un coup il a aussi accès à toute une palette d’émotions comme la rage ou la tristesse, hoplà, c'est prix de gros sur le scénario, tout doit disparaître).

Donc il va au siège de Miami Metro, rentre dans la salle d'interrogation où est logé le Brain Surgeon, et le trucide avec un stylo Bic devant une caméra de surveillance.

Attends, je vais répéter ça un coup :

Dexter Morgan, le plus grand tueur en série de Miami, le criminel le plus efficace et le plus méticuleux de tous les temps, sort un prétexte bidon pour se rendre dans une salle d'interrogatoire où il n'a rien à faire (puisque non seulement il ne travaille plus pour Miami Metro, mais en plus il est le frère de la victime, donc il devrait en toute logique être complètement écarté de toute l'affaire) (cela dit, ça empêche pas le fiancé et le super pote de la victime de prendre part activement à l'interrogatoire, donc après tout, on n'est plus à ça près).

Ensuite, il fait un long speech au tueur (au lieu de faire semblant de prendre ses échantillons et de se casser), pose un stylo devant lui, esquive de manière surprenante une attaque sauvage d'un tueur expérimenté, puis arrache le stylo de son épaule et le plante droit dans la jugulaire de son agresseur, d'un geste expérimenté, d'une main sûre et ferme, et le tout sans un battement de cil.

SÉRIEUSEMENT?

Et le mieux, c'est ensuite que Quinn et Batista regardent la vidéo du meurtre, et disent que non non, y'a rien qui cloche!

Alors soit, je veux bien que Dexter soit de dos et qu'on ne voie pas les expressions de son visage, ni qu'on entende le dialogue avec le Brain Surgeon.

Mais enfin, quand même! Tu vas pas me faire croire que deux flics vont trouver ça normal que Dexter, le geek sans histoires, aille s'entretenir de son propre chef avec le tueur de sa sœur, puis lui tranche froidement la gorge avec un stylo-bic sans un instant d’hésitation et sans même que ses mains ne tremblent? Personne sent un problème, là?

(Après, je veux bien croire que Quinn se voile la face parce qu'il est content que le Brain Surgeon soit mort. Mais enfin, Batista, on nous a montré maintes et maintes fois que c’était le flic le plus réglo du monde, faut quand même pas déconner.)

Et l'affaire est réglée, pif paf pouf légitime défense, prends donc ton avion pour l'Argentine ce soir, t'as tué un homme à mains nues avec un stylo en plastique mais tout est parfaitement normal dans le meilleur des mondes et toute cette affaire ne nécessitera aucun suivi.

(Je veux bien que "légitime défense" soit un mot magique aux States, mais je pense qu'il y a quand même des limites.)

Dexter se rend à l’hôpital sous la tempête qui approche (et on sent que la série est en fin de budget, puisqu'en guise de ciel d'orage on a droit à un vieux filtre bleu tout moisi qui nous montre bien les ombres des acteurs sous le soleil de midi - la crédibilité AU TOP DU TOP).

Il débranche Debra, enroule son cadavre dans un drap, le prend dans ses bras, et traverse sans encombre tout l’hôpital et le parking bourré de monde jusqu’à son bateau. (Nan, mais parce que les gens ils sont occupés à évacuer les patients à cause de la tempête, tu vois, alors évidemment, personne ne remarque le gars qui traîne un cadavre avec lui.)

(Vraiment? Vraiment, les scénaristes?)

Une fois sur son bateau, il appelle Hannah-la-connasse qui est sur le point d'embarquer dans l’aéroport (Ah au fait, j'ai mentionné que Hannah a semé le flic qui lui collait au train en lui plantant une seringue de tranquillisant dans la cuisse au milieu d'un bus bondé? Non?) 

(Là aussi, ils devaient être occupés à tous regarder le ciel.) 

("Oh regarde chérie, ces effets spéciaux de 1986, c'est affreux!").

Bref.

Dexter demande à parler à son fils, et lui dit ceci :

- Harrison, je voulais juste te dire une dernière fois que je t'aime. Souviens-toi de ces mots pour le restant de tes jours : je t'aime, mon fils.

Et Harrison répond :

- Okay, bisous!

Sérieusement, il est gole-mon ce gamin?

Chais pas, moi j'entends mon père me dire un truc pareil, je sens un peu la couille dans le potage. Au moins, je lui demande pourquoi il me dit qu'il m'aime "pour la dernière fois", quoi! Nan? Pas suspicieux?

(Mais Dexter, tu fais bien de l'abandonner, ce morveux, il est con comme un balai.)

Et puis Dexter jette le cadavre de sa sœur à l'eau et fonce dans la tornade en expliquant qu'il doit se suicider parce que tous les gens qu'il aime finissent blessés à cause de lui.

PARDON?

Excuse-moi Dexter, je veux bien que tes émotions nouvellement acquises obscurcissent ton jugement, mais bon sang de bonsoir qu'est-ce que c'est que cette logique de merde?

Okay, donc tu veux disparaître parce que les gens que tu aimes sont en danger à cause de toi? Mais quel danger, Dexter? Je croyais que t’étais plus psychopathe! Plus personne à Miami ne soupçonne ton secret, et tu étais sur le point de déménager en Argentine, donc du moment que tu ne commets plus de meurtres, ta famille, elle est tranquille, espèce d'abruti!

Et puis est-ce que la meilleure manière de protéger ton fils, c’était de le laisser avec une putain de PSYCHOPATHE recherchée par la police, alors que toi-même, tu n'es soupçonné de rien?

(Et de toute façon Hannah c'est la plus grande blague de l'univers, elle est bonne qu'à arroser des orchidées en jouant mal.)

Surtout que, OK, tu laisses ton fils en Argentine avec Hannah. Et ensuite, trouduc? Personne ne sait que tu t'es remis avec Hannah! T'as dit au monde entier que tu partais en Argentine seul avec ton fils. Tu penses quoi, qu'après qu'on t'ait retrouvé mort, personne va se mettre à chercher ton gamin? Pas même, euh, je sais pas, Jamie, sa nounou qui l'adore comme un fils et qui est accessoirement la sœur du lieutenant de la police de Miami? Nan? Tu penses pas qu'ils pourraient vaguement se demander où s'est évaporé ton môme?

Bien joué, champion.

Et donc ça finit comme ça : on retrouve le bateau de Dexter dézingué par la tempête, Hannah l'apprend en lisant le journal de Miami (qui a décidé de consacrer une pleine page avec photo couleur à un mec lambda qui a coulé en bateau - la vie est bien faite quand même) (nan mais Miami c'est tout petit, hein, presque un village, y'a pas assez de matériel à mettre dans un journal - surtout au lendemain d'un ouragan).

Sauf qu'en fait Dexter il est pas mort, à la place il est bûcheron.

Fin.

QUOI??? MAIS QUOI??!!!

Alors là, je voudrais bien qu'on m'explique comment il a survécu, Dexter, parce qu'il a beau être un super-héros-justicier, je vois mal comment il aurait pu nager plusieurs dizaines de kilomètres au milieu d'un putain d'ouragan sans aucune encombre.

Et puis surtout, bonjour le twist de fin qui pue le moisi (han on pensait qu'il était mort mais en fait pas! T'as dû être trop surpris! A part si t'as passé du temps au cinéma ou devant la télé ces 25 dernières années. Mais sinon, ouh, surprise!)

Pour moi, la série aurait dû logiquement se finir avec la mort du héros (ou, à la limite, son arrestation). Je ne trouve pas ça concevable qu'avec le nombre de victimes, la profession du héros, et le nombre de gens qui ont fini par apprendre son secret, il ne se fasse pas choper. Sans compter qu'on a beau avoir de la compassion pour Dexter, c'est quand même le méchant de l'histoire, et finir la série avec lui qui s'en sort (même si c'est relatif, vu qu'il est en exil avec une vie toute pourrie) ça me laisse un petit goût d'inachevé. 

Et on sent que les créateurs de la série se sont un peu dit la même chose, vu la manière dont ils rament péniblement pour transformer Dexter le sanguinaire tueur sadique en gros Câlinours en l'espace d'un épisode. Puisque, je le rappelle, Dexter au départ, c'était ça :




(Là là là, j'vais te torturer avec une perceuse, c'est beau la vie.)

Et dans le dernier épisode, on a ça :





Après, évidemment, je suis de mauvaise foi. Pour être honnête, ça faisait déjà un bon moment que Dexter me gavait, mais je continuais à regarder la série pour voir ce qui allait advenir de mes héros préférés (Debra Morgan forever) et parce que je savais que j'avais plus trop longtemps à attendre avant le grand final (que j'espérais un tantinet plus cool, on l'aura compris).

Et pourtant, malgré tous les trucs qui m'ont énervé dans ce final ou même dans la saison entière (sérieusement, j'ai même pas effleuré la surface du gouffre sans fond de mon mépris pour cette connasse de Hannah) (l'épisode où elle est revenue dans la série, j'ai dû faire pause pour aller crier dans un oreiller), je dois quand même admettre que j'étais émue vers la fin.

Bon, c'était une émotion portant plutôt vers le soulagement, vu que ça voulait dire que cette série a enfin perdu son emprise sur moi à tout jamais.

En comparaison, après le final de Breaking Bad, j'ai dû ramasser les morceaux de mon cœur à la petite cuillère pour aller bosser, et je sanglotais même encore un peu dans le bus.

(Putain, les mecs, je la sens mal, la fin de Game of Thrones.)

(La vie sera parfaite le jour où on inventera le jour férié de lendemain de final de série.)


(Au travail, Monsieur le Président.)