vendredi 19 juin 2015

Brève automobile


Et sinon on a acheté une nouvelle voiture.

(Ah ouais les p’tits gars, dans cette famille on fait tous les changements d’un coup.)

Bon, en vrai, c’était pas prévu pour tout de suite, mais disons que c’était pas non plus trop une surprise le jour où j’ai amené mon épave au contrôle technique et qu’on m’a répondu :



Parce que bon, voilà, une voiture qui a 250 000 kilomètres, dont la courroie n’a pas été changée depuis 2008, et qui est née en l’an de grâce 1996 (cette voiture pourrait aller VOTER), c’est pas vraiment une surprise quand elle te claque dans les pattes. 

(Je suis juste heureuse qu’elle soit morte dignement au garage, et pas au milieu de l’autoroute par un froid matin d’hiver.)

Professeur Flaxou et moi, on a donc pleuré la mort de notre vieille Bessie :

-  Haaaaan acheter une nouvelle voiture ça va coûter tellement cheeeeer !

Puis on a récupéré ses effets personnels (le GPS, les cartes routières, et la corde qui traîne dans le coffre depuis 2012 et que Professeur Flaxou refuse d’enlever parce que « une corde dans la voiture c’est toujours utile ») (j’avoue, moi aussi ça me saoule quand mes otages se baladent dans le coffre) et on s’est mis en quête d’une nouvelle charrette.

Mais bon, maintenant qu’on a deux salaires et qu’on sait tous les deux conduire à gauche sans se prendre les trottoirs, on a décidé que c’était fini le temps des voitures de gitans, et qu’on allait s’offrir un truc neuf.

(Par « neuf », on entend évidemment « en-dessous de 100 000 kilomètres ».)

(On a deux salaires mais on est pas les Rothschild non plus, hein.)

On est donc allés faire nos emplettes chez un concessionnaire japonais, comme le font la majorité des Kiwis. 

Car en Nouvelle-Zélande, les voitures japonaises sont les plus courantes, pour trois raisons : de un, les voitures japonaises ont une bonne réputation en termes de rapport qualité/prix ; de deux, ça met considérablement moins de temps d’expédier une voiture ou des pièces détachées du Japon plutôt que de les envoyer d’Europe ou des États-Unis ; et, de trois, le Japon possède l’énorme avantage technique de fabriquer des voitures qui ont déjà le volant du bon côté (vu qu’eux aussi roulent à gauche), ce qui réduit un peu les coûts par rapport à une voiture américaine ou européenne.

Notre choix s’est donc porté sur une adorable Honda Fit (le truc le plus proche d’une petite voiture que l’on peut espérer obtenir dans ce pays), après moult délibérations et tests sur route.

Autre parenthèse : la confiance des Kiwis m’étonnera toujours, cf. notre dialogue avec le concessionnaire :

- On peut aller tester la voiture ?
- Oui, bien sûr, il me faudra juste une copie de votre permis de conduire. 
- Et c’est tout ? Vous venez pas avec nous ?
- Oh non non, allez-y, faites un petit tour, je vous attendrai ici. Voilà les clefs. Bonne route !

(Comment est-ce que ce pays n’est pas gangréné par la criminalité, c’est un mystère.)

Et, une fois le choix fait, je me suis tournée vers Professeur Flaxou et je lui ai dit :

- Maintenant tu me laisses gérer les négociations, moi j’ai marchandé avec des Moscovites, il n’y a rien que je ne puisse pas faire.

Et donc j’ai dit au monsieur :

- Oh là là oui elle nous plait bien, mais pfff dis donc on n’avait pas vraiment prévu ce budget, han là quelle tuile, qu’est-ce que qu’on pourrait bien faire ?

(Une vraie pro.)

Eh ben laisse-moi te dire que les gars m’ont sorti la parade anti-marchandage de grand luxe, j’avais jamais vu un truc aussi fourbe, et pourtant j’ai déjà été sur des marchés dans le Sud de la France.

(10 euros pour ton savon à la lavande qui pue, sérieusement Jacqueline ?)

Or donc, si on décide de marchander sur le prix, on est obligés de faire une offre officielle sur papier, avec plein de petites cases à remplir et tout. Ensuite le concessionnaire te dit que c’est évidemment pas lui qui prend ce genre de décision, parce que sinon, on se doute bien, il dirait oui tout de suite, mais là il faut qu’il aille voir le manager.

On est donc invités à s’asseoir dans une pièce qui rappelle à la fois une cellule d’interrogation dans les films policiers et la salle d’attente des Assedic. 



(+100 pour l’ambiance)

On attend là pendant cinq minutes en essayant de ne pas se tirer une balle, et puis le gars revient en disant que le manager n’est pas prêt à accepter l’offre, mais qu’on peut en faire une autre un peu plus haute, si on veut.

Alors maintenant, toi, en tant qu’être humain normalement constitué, est-ce que tu as vraiment envie de te retaper le formulaire et l’ambiance 1984 juste pour gratter cent dollars ?

(Machiavélique, j’te dis.)

Bon, après, nous on venait avec le pass magique de la recommandation (des potes avaient acheté leur voiture là-bas il y a quelques mois), et comme en Nouvelle-Zélande, le bouche à oreilles, c’est la chose la plus importante au monde, ils ont accepté notre offre du premier coup.

(Sérieusement, en Nouvelle-Zélande, tu vas dans n’importe quel business, tu donnes le nom d’un gars qui t’a envoyé, et on te traite comme le Prince William.) 

(Alors que le reste du temps, on te traite juste comme un ami.) 

(L’horreur.)

Et voilà comment on s’est retrouvés propriétaires d’une voiture à 7000 dollars, AKA le truc le plus cher qu’on ait jamais acheté de notre vie entière.

Et autant te le dire tout de suite : ça ne me procure pas la joie que j’escomptais.

Je suis juste plus pauvre de 7000 dollars, et maintenant je ne peux plus acheter du merchandising Game of Thrones compulsivement sur Internet.

(Est-ce que c’est ça que ça fait d’être adulte ?)

Sans compter qu’on a dû faire une mise à jour assez conséquente de l’assurance auto (avec l’ancienne voiture, on avait uniquement le tiers payant – vu que personne n’aurait jamais osé voler une bouse pareille) alors voilà, maintenant on a l’assurance bris de glace, ça y est, on est officiellement des bourgeois. 

Et désormais, je fais partie des gens qui s’inquiètent de rayer leur voiture.

(Alors qu’avant, je savais que j’avais reculé au maximum quand j’entendais le pare-chocs heurter le mur du fond.)

Mais les bouts de vieille carrosserie incrustés de tous les côtés du garage, c’est fini maintenant. Maintenant, je fais des MANŒUVRES. 

(C’est tellement conformiste.)

(Je me dégoûte.)

Mais bon, quand même, c’est vrai que ça fait du bien d’avoir une voiture qui ne couine pas quand elle freine, qui ne bouffe pas de l’essence comme un paquebot, qui tourne quand on lui dit de tourner, et OH JOIE IL Y A UN LECTEUR CD JE VAIS POUVOIR ECOUTER ALESTORM A FOND LES BALLONS SUR L’AUTOROUTE HALLELUJAH.



(C’est sûr que ça change du vieux lecteur K7 qui mangeait la bande magnétique dès qu’on appuyait sur play.)

(Une K7 de Bruce Springsteen toute neuve, que j’avais acheté le jour même au marché aux puces !)

(50 cents que je ne reverrai jamais !)

Donc, tu l’auras compris, ma plus grande joie dans toute cette histoire, c’est que je vais enfin pouvoir arrêter d’écouter la radio.

(C’est cher payé pour un lecteur CD.)

Bref, sur ce je te laisse, je vais prendre ma voiture pour faire les courses.

(On se revoit dans une-demi-heure, quand j’aurai fini de sortir du garage.)


Question de fin d’article Skyblog activée ! Et toi, qu’est-ce que tu conduis ? Une belle voiture neuve ou un tas de bouse ?

(Si tu prends le bus comme un pouilleux, je te laisse participer aux commentaires quand même.)

(Je suis sympa avec les roturiers.)

5 commentaires:

  1. Bus / Tram / Ferry. Et ça me va très bien pour l'instant (en fait je suis surtout emmerdé dès que je reviens en France). Je note que pour toi l'ambiance Procès de Kafka meets 1984 correspond à "sinon on te traite juste comme un ami". Non mais pas de souci, hein, je note, c'est tout.

    Et tu écoutes Alestorm, donc. Bieeeeen. :-D

    RépondreSupprimer
  2. Je comprend en partie ton état...financier...il y a environs une heure j'ai signé un magnifique chèque de 5170 euros....tout ça pour avoir de l'eau chaude (alors que j'ai une bouilloire) et du chauffage (alors que j'ai des polaires décathlon)....on se plie trop facilement au luxe capitaliste (et par dessus le marché on a une voiture, mais je fait tout mon possible pour y mettre les pieds le moins souvent possible...et je suis forte dans mes positions, hier j'ai été mouillée jusqu'au slip sur mon vélo). Bonnes manoeuvres! ^^

    RépondreSupprimer
  3. On a aussi acheté que des occaz. Là, on est a notre 4éme 206. Ouais. Chacun ça voiture (donc on a que deux 206 mtnt). On a fait tout les modèles. Ouais, mtnt je roule en coupé cabriolet. Ouais. Ben tu pourrais pas croire que ça vaut le coup, avant d'essayer pour de vrai. Une journée morne et triste ? Tu décapotes et la vie est plus belle. Ouais. Ça fait pas avancer le schmilblick.

    Skyblog quoi... vieille ! :)

    RépondreSupprimer
  4. Ici je n'ai jamais acheté de voiture de ma poche, piquant honteusement celle de mon mec depuis le début. Ma plus belle connerie, c'est quand j'ai éclaté l'aile gauche de la bagnole achetée 3 semaines avant contre un poteau de parking du supermarché (ceux que tu ne VOIS PAS dans l'angle mort). J'ai cru qu'il allait me tuer. Ou plutôt : j'avais tellement honte que j'ai crû que j'allais devoir me tuer car j'y survivrais pas.
    Trois ans après, l'aile gauche est toujours éraflée et j'en rigole. (Finalement je suis pas morte.)

    RépondreSupprimer
  5. Moi j'ai une petite Twingo (les toutes premières) mais CE N'EST PAS un tas de bouse. Je l'aime comme elle est, même si j'entends plus ma radio quand je suis sur l'autoroute et que vu l'épaisseur des portes, si je me prends une voiture de côté je DÉCÈDE. Mais sinon, du haut de ses 18 ans, elle roule. C'est cool.

    RépondreSupprimer